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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/681

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de souffrir pour notre salut, de triompher des tentations, de souffrir, bien qu’immortel, les douleurs de la mort en faveur des mortels, et d’ouvrir devant tous ceux qui auraient recours à lui le chemin d’une nouvelle vie.

2. Il a donc effectué son premier avènement, son avènement selon la chair, comme la pluie qui tombe des nuées sur l’herbe ; c’est pourquoi il lui faudra opérer sa seconde venue au milieu du fracas et du bruit. Aussi, selon le langage de l’Écriture, « y aura-t-il des éclairs, des tonnerres, des tremblements de terre et de la grêle[1] ». « Un feu dévorant marchera devant lui, une effroyable tempête mugira autour de sa personne[2] ». Et, comme dit l’Apôtre, « la violence du feu dissoudra les cieux et fera fondre tous les éléments[3] ». « Un feu dévorant le précédera et consumera autour de lui ses ennemis[4] ». « Les montagnes se fondront comme la cire[5] ». « Mais ceux qui craignent le Seigneur et attendent sa venue seront enlevés sur les nuées pour aller, dans les airs, au-devant de Jésus-Christ, et ainsi seront-ils éternellement « avec le Seigneur[6] ». Tout cela a été écrit, afin que nous nous préparions à sortir au-devant de Notre-Seigneur : par là, et en nous humiliant ici-bas à l’exemple du Sauveur, nous mériterons de régner avec lui dans les splendeurs de la gloire céleste. Car voici ce qui aura lieu : Quiconque, sur la terre, aura répandu les larmes de l’humilité comme une pluie abondante, jouira, dans le ciel, des félicités éternelles, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui vit et règne dans les siècles des siècles avec le Père et le Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

VINGT-CINQUIÈME SERMON. POUR LA NATIVITÉ DU SAUVEUR. V

ANALYSE. —1. À la naissance du Christ, les anges font entendre les plus douces mélodies. —2. Précieux martyre des Innocents. —3. Saint Augustin parle de la Nativité même aux petits enfants. —4. Epilogue.

1. Frères bien-aimés, Notre-Seigneur Jésus-Christ vient au monde pour le racheter tout entier et renouveler le genre humain. Le Christ naît dans une caverne, afin que le monde ne soit plus désormais enseveli dans le séjour de la mort. Il naît dans une caverne et il pleure, pour chasser de la caverne du péché les criminels voleurs qui s’y cachaient, et afin que, sous l’empire d’un nouvel enfant, tous les enfants devinssent innocents. C’est une Vierge qui lui donne la vie ; par là, Eve n’est plus obligée de se cacher sous le feuillage, la sainte Église s’élève sur la croix, et le monde chante les louanges de la Vierge Mère, comme la tourterelle chante du haut des arbres l’éloge de sa propre chasteté. Les Mages adorent le Christ ! que, devant lui, le genre humain tout entier fléchisse le genou t Celui qui brille avec éclat dans les cieux se fait adorer sous des langes : les chrétiens doivent donc l’adorer aussi maintenant qu’il est assis à la droite du Père non engendré. On l’adore dans une crèche ; nous devons donc l’adorer nous-mêmes aujourd’hui qu’il est sur l’autel éternel. La crèche est devenue un paradis, où se sont épanouies les fleurs des champs et les lis des vallées : aussi, puisque la tige du péché s’est flétrie, le genre humain doit-il fleurir sous le souffle du Christ. Auparavant, grâce à l’iniquité, les

  1. Apo. 8, 5.
  2. Psa. 49, 3
  3. 2Pi. 3, 12
  4. Psa. 96, 3
  5. Id. 5
  6. 1Th. 4, 11-18.