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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/680

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l’Apôtre nous dit : « La créature sera affranchie de cet asservissement à la corruption[1] ». Donc, celui qui règne dans l’incorruptibilité au séjour céleste est asservi ici-bas à la corruption.

8. Mais, répliquent les Ariens, il faut, bon gré mal gré, te soumettre d’esprit et de cœur à la parole du Christ ; voici ce qu’il a dit de lui-même : « Le Père est plus grand que moi[2] ». N’avez-vous lu que cela ? On voit, ce me semble, dans les Évangiles, qu’il est le Fils de l’homme[3]. Faites-nous donc un crime de l’appeler Fils de Dieu. Dites-nous pourquoi vous lui donnez le nom de Fils de Dieu, puisqu’il se proclame lui-même Fils de l’homme ? Si tu travestis les motifs de son anéantissement, tu emploies' le remède à creuser tes plaies, et ce qui pourrait seul guérir tes blessures, tu t’en sers à porter la corruption jusque dans les parties saines. Pour nous, cherchons, dans la confession de la vraie foi, à conserver l’entière santé de nos âmes ; croyons, sans hésiter, que la Trinité tout entière réside dans l’unique substance d’une même Divinité : par là, nous pourrons devenir participants de la vie éternelle, en Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui règne avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

VINGT-QUATRIÈME SERMON. POUR LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR. ON Y EXPLIQUE CES PAROLES DU PSALMISTE : « IL DESCENDRA COMME LA PLUIE SUR L’HERBE DES CHAMPS ». (PS. 71, 6.) IV

ANALYSE. —1. Humilité et grandeur du Christ naissant. —2. Son premier avènement a eu lieu dans les abaissements ; le second se fera dans tout l’éclat de la gloire.

1. On ne saurait en douter, mes très-chers frères, cette partie du psaume qu’on vient de lire est l’annonce de l’avènement corporel de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avènement qu’il a effectué aux yeux du monde, lorsqu’il est descendu du ciel pour opérer notre salut. Et parce qu’il devait être humble dans sa chair, parce que, comme Dieu, il ne devait y affecter aucune puissance, y manifester aucune grandeur, il s’est montré aux regards des hommes avec le prestige de la grandeur. En effet, si les témoins de sa naissance l’ont vu apparaître dans les abaissements et la pauvreté, ceux qui ont cru en lui l’ont reconnu pour un Dieu ; car si, dans son extérieur, il agissait comme homme, parce qu’il était intérieurement, il agissait en Dieu, tout en manifestant l’humanité dont il s’était revêtu, la condition corporelle et terrestre à laquelle il s’était soumis. Pauvre aux regards de ceux qui le considéraient seulement des yeux de la chair, il était plein de majesté et revêtu de la gloire céleste aux yeux de ses fidèles. Au moment de sa descente sur la terre, il fut humble, et, pareil à la pluie qui tombe sur l’herbe molle sans se faire entendre, il descendit du ciel sans annoncer son infinie puissance, sans faire aucun bruit, sans épouvanter les hommes par le fracas de sa venue ; rien, dans les humiliations de sa naissance, ne trahit sa grandeur. De fait, il ne venait point ici-bas pour y régner ; sa mission était

  1. Rom. 8, 21
  2. Jn. 14, 28.
  3. Mat. 8, 20, etc.