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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/709

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et non dans les calculs de l’art astrologique, a-t-elle été soigneusement recueillie dans les livres des Mages et transmise, pour mémoire, à leur postérité. Les Mages avaient donc cet oracle présent à la pensée, lorsque l’astre royal vint ajouter son éclat à celui des autres astres et projeter ses rayons lumineux sur le pays des Juifs. À l’apparition de ce signe, ils coururent en toute hâte, et l’étoile, qui brillait ainsi au service du Christ, ne quitta ces hommes fidèles qu’après les avoir conduits à la pauvre maison de Marie, sous le toit de laquelle se cachait le Christ.

3. Orgueilleuse ignorance et téméraire incapacité des Donatistes, pourquoi attaquer ce que vous ne connaissez pas ? Pourquoi déchirer ces hommes dévots et nullement fatalistes, que vous voyez prosternés aux pieds du Roi des cieux, et lui offrant leurs dons ? Mais, je le sais, vous détestez, non pas l’astrologie, mais la foi ; ce ne sont point les astrologues que vous repoussez, c’est la foi de ces Orientaux qui vous fait peur. Supposé qu’ils se soient mis à la recherche du Roi Très-Haut par suite de calculs magiques, et non par sentiment de religion, ils mériteraient encore la louange plus que le blâme, parce qu’en réalité ils ont adoré le Dieu de l’étoile, et n’ont point rendu à l’étoile un culte idolâtrique. Les Mages ont donc vu l’astre nouveau, et, vite, ils sont venus avec des présents pour adorer Dieu. Et toi, ô donatiste, non-seulement tu ne cours pas à la suite de l’étoile, mais tu vas jusqu’à te séparer des Mages fidèles ; aussi tu marches en aveugle et tu te heurtes au milieu des ténèbres. Les Mages arrivent jusqu’auprès du Christ, et toi, tu deviens étranger pour lui. Le monde entier est avec eux aux pieds du Sauveur ; et toi, tu es resté en dehors de la crèche ; tu as repoussé la lumière qui éclaire le monde. Voilà donc l’Orient devenu adorateur de Jésus ! Au Septentrion, au Midi, et jusqu’aux extrémités de l’Occident, toutes les nations, réunies dans le sentiment d’une même foi, devenues en quelque sorte parentes par la conformité de leurs croyances religieuses, vénèrent un seul Dieu. Malheureuse erreur, où vas-tu te cacher ? Jusques à quand te réfugieras-tu sur une terre étrangère ? Partout les catholiques sont les maîtres, et ils te chassent de chez eux ; puisqu’ils sont entrés en possession de toutes les contrées du monde, n’ont-ils pas le droit d’éloigner de leurs terres tous ceux qui veulent y mettre le pied ? Tu ne trouves de refuge ni chez les Corinthiens, ni chez les Galates, ni chez les habitants d’Éphèse ; on te déteste à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, Philadelphie et à Laodicée ; car, par l’organe de l’apôtre Jean, Dieu rend témoignage à la foi de ces villes. Les Colossiens et les Thessaliens te condamnent, et de leur côté se range tout le pays d’Orient, d’où les Mages sont venus, comme les représentants de la foi de leur province, conclure avec le Christ un nouveau traité d’alliance. Qu’y a-t-il de commun entre toi et les Indes ? entre toi et les Perses ? entre toi et les Arméniens, les Éthiopiens et les Égyptiens ? La Bretagne est physiquement séparée du reste du monde, mais elle nous est unie par les liens de la religion si la mer nous en éloigne, la foi nous en rapproche. Tu es insupportable à l’Espagnol, au Gaulois, et à l’Italien ; car, avec le glaive spirituel, ils ont coupé le cou à ton archipirate.

4. À quoi bon énumérer toutes les parties de l’empire céleste des Patriarches, des Prophètes et des Apôtres, où la foi a pris naissance, où elle a été confirmée par la parole de Dieu et celle des anges ? Ne rougis-tu pas de vivre, après avoir mérité d’être exclu de l’héritage des saints ! Il serait superflu de nommer en détail tous les pays qui te sont opposés ; car tu es en contradiction avec les derniers pays du monde qu’éclaire le soleil ; tu es inconnu sur le vaste réseau des mers, et toutes les nations, tous les peuples de la terre te condamnent. Il y a même, en Afrique, des contrées qui ne savent point votre nom, et les campagnes où vous errez sont de mince étendue. Dès qu’elle vous a vus, elle vous a rejetés de son sein ; en vertu des lois divines, elle vous a chassés de ses propriétés. Écoutez-moi, s’il vous plaît – l’Afrique commence et finit aux confins de l’Égypte et de la ville d’Alexandrie, à l’endroit où Parétonie se trouve située et aux montagnes que les naturels du pays appellent Catabaahmon : voilà où elle commence ; de là, elle s’étend le long du désert d’Éthiopie, pour aller se terminer, en Occident, aux limites de l’Europe, c’est-à-dire au détroit de Cadix, où l’Océan se jette dans la mer de Toscane ; enfin, ses bornes les plus reculées et les plus extrêmes sont, dans le sens de la largeur, le mont Atlas et les îles auxquelles