Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/715

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les motifs de croire en lui après sa naissance : en effet, il s’est fait annoncer comme Fils de Dieu par les Prophètes ; les Mages nous l’ont montré ; il nous en a prévenus par ses paroles et nous l’a prouvé par ses miracles. Cherchons-le sans fin pour notre salut, dirigeons vers lui nos regards et les désirs de nos cœurs. Celui que les Mages ont trouvé enveloppé de langes, cherchons-le dans le ciel ; celui qu’ils ont adoré bien qu’il fût encore caché et obscur, glorifions-le ; car il est assis sur le trône de la Majesté suprême.

QUARANTE ET UNIÈME SERMON, POUR L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR.

ANALYSE. —1. Au jour de l’Épiphanie, le Christ s’est révélé, non-seulement aux Juifs, mais encore aux Gentils. —2. 2 est reconnu par les Mages, et son Père proclame lui-même sa grandeur. —3. Dans cette manifestation du Sauveur apparaît la Trinité. —4. Le changement miraculeux de l’eau en vin prouve encore la Divinité.

1. « Chantez », dit David, « chantez », dit le Prophète ; « chantez un cantique nouveau, car il a opéré des merveilles[1] ». Nous sommes réunis pour célébrer la fête insigne de l’Épiphanie : cette parole du psalmiste David s’accorde donc avec l’esprit de cette solennité, qui veut nous voir chanter des cantiques de joie, pour nous mettre à l’unisson de la fête. Ainsi, autre chose est ce que nous demande la solennité autre chose ce que nous demande le psaume ; car à la première nous devons de l’allégresse, au second, des cantiques de bonheur. Que lisons-nous ensuite dans le psaume ? « Jéhovah a manifesté son salut, il a révélé sa justice aux yeux des nations[2] ». Voyons David : quel parfait rapport y a-t-il entre la solennité de ce jour et la mention, que fait le Psalmiste, de la manifestation du Christ aux Gentils ? Ouvrons l’Évangile, et nous verrons non-seulement comment Dieu a révélé son salut aux Juifs, mais aussi, selon le psaume qu’on nous a lu, comment « il l’a révélé aux yeux des nations ». D’abord, remarquons ceci : aussitôt après la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, les Mages viennent, avec des présents, auprès de l’humble enfant Jésus, pour l’adorer ; mais, à vrai dire, ce sont les peuples gentils qui viennent en leur personne : en effet, les Mages étaient les docteurs et les chefs de la superstition païenne, vu qu’ils tenaient le principat chez, les Gentils plongés dans l’erreur, et qu’ils servaient de modèle à la gentilité. Ensuite, l’étoile s’associe à eux ; elle s’arrête au-dessus de l’enfant, pour montrer que là se trouve réellement celui vers lequel elle accourait tout à l’heure, et pour indiquer, par son arrêt, aux Mages qu’elle a amenés, le but de leur voyage.

2. Les Mages pénètrent donc dans ta grotte où est né le saint enfant, ils s’approchent de la crèche, ils y aperçoivent un homme et y reconnaissent un Dieu ; alors ils se prosternent aux pieds de cet enfant, dont ils comprennent la grandeur, dont la puissance leur, inspire l’épouvante. Ils voient sa chair et adorent sa majesté : son humanité frappe leurs regards, et ils vénèrent sa divinité. Les choses étant ainsi, voyons comment, par cette conduite des Mages, s’est accomplie la prophétie de David qu’on nous a lue tout à l’heure ; elle est conçue en ces termes ; « Le Seigneur a manifesté son salut, il a révélé sa justice aux yeux des nations ». Par cela même qu’une étoile l’a fait connaître, l’humanité du Sauveur a été manifestée ainsi, « le Seigneur a manifesté

  1. Psa. 97, 1
  2. Id. 2