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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/739

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ceux qui se conduisent ainsi vont droit à la géhenne ; ils brûleront dans le feu éternel.

3. Les gens qui se rendent coupables de pareils désordres doivent se corriger pendant qu’ils sont en vie. La mort arrive subitement, et, alors, comment revenir à meilleure conduite ? C’est impossible. Du reste, personne ne sait quand sonnera la dernière heure. Quand on me dit : Demain ! demain, il me semble entendre la voix du corbeau, et aussitôt arrive le suprême malheur ! La dernière heure sonne, et elle ne sonne qu’une fois. Prenez-y donc garde, ne jetez point de ces cris de corbeaux, pour ne pas être surpris et condamnés. Nouveaux baptisés, écoutez-moi : prêtez l’oreille à mes paroles, enfants régénérés dans le Christ. Je vous en prie, par le nom que j’ai invoqué sur vous, par cet autel dont vous vous êtes approchés, par les sacrements que vous avez reçus, par le jugement à venir des vivants et des morts, je vous en supplie et vous en conjure par le nom du Christ, n’imitez point ceux que vous savez être en de pareilles dispositions : faites mieux qu’eux, et vous régnerez éternellement.

CINQUANTE-CINQUIÈME SERMON.
POUR LE JOUR DE PÂQUES. I

ANALYSE. —1. Joies du jour de Pâques motivées parla résurrection des morts et par la nouvelle naissance de ceux qui ont reçu le baptême. Différents noms donnés à cette solennité. —2. On l’appelle le jour du Seigneur.—3. le jour du pain. —4. le jour de la lumière. —5. En le célébrant, il faut observer les règles de la tempérance.

1. Frères bien-aimés, que l’Église nous apparaît belle et gracieuse aujourd’hui ! L’éclat de ce jour surpasse de beaucoup l’éclat de tous les autres jours de l’année, non pas, sans doute, que les rayons du soleil soient plus brillants que d’habitude, mais parce que la résurrection de l’Agneau projette sur lui une lumière inaccoutumée. Aujourd’hui, en effet, le Soleil de justice, le Christ, s’est élevé dans les cieux, après avoir annoncé la bonne nouvelle aux âmes des saints, et en faisant sortir avec lui leurs corps du sein de la terre. Pareille à une assemblée d’astres spirituels, la Jérusalem céleste a brillé d’un nouvel éclat, quand ces morts, revenus à la vie, ont pénétré dans ses murs : l’Église se montre non moins radieuse, car tous ceux qui sont nés à la grâce répandent sur elle une vive lumière. Les morts ressuscités ont été témoins de la résurrection du Soleil de justice, comme le sont aussi ceux qui ont reçu le baptême dans l’eau et l’Esprit-Saint. Touchons donc de la harpe avec David, chantons avec lui : « C’est ici le jour que le Seigneur a fait ; réjouissons-nous en lui et tressaillons d’allégresse[1] ! » Voyons de quelle nuit est sorti ce beau jour. C’est une nuit dont l’éclat imite celui du ciel ; c’est une nuit où la terre, se voyant éclairée par des astres même plus nombreux que ceux du ciel, en ressent une indicible joie ; c’est une nuit où se sont accomplis un heureux enfantement et une sainte régénération. En elle je remarque un double sein, parce que j’y vois un double enfantement. Jadis ses entrailles ont été bouleversées, car elle a rendu la vie aux corps de ceux qui ont ressuscité avec le Christ ; aujourd’hui, elles le sont également, puisqu’elle a renouvelé les âmes en leur communiquant l’innocence. Il a été dit d’elle : « Et la nuit brillera comme le jour[2] ». Serait-ce le jour que le

  1. Psa. 117, 24
  2. Psa. 138, 12