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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/746

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CINQUANTE-HUITIÈME SERMON.
POUR LE JOUR DE PÂQUES. 4

ANALYSE. —1. Après la tristesse vient la joie. —2. Les nouveaux baptisés doivent conserver intact le trésor qu’ils ont reçu.

1. Réjouissons-nous, mes bien-aimés, et tressaillons d’allégresse dans le Seigneur. Aujourd’hui, il a fait briller à nos yeux la lumière du salut, selon cette parole que le Psalmiste ajoute aux précédentes : « Le Seigneur est le Dieu fort ; sa lumière s’est levée sur nous[1] ». Il dit ensuite : « Solennisez ce jour en vous réunissant jusqu’à l’angle de l’autel[2] ». Je le vois, cet oracle trouvé aujourd’hui son accomplissement dans l’Église de Dieu. Toutes les parties en sont remplies, jusqu’aux angles de l’autel, de la religieuse multitude qui se presse dans son enceinte : cette plénitude de la sainte Église est l’accomplissement de ces paroles de l’Écriture. Ce jour, mes très-chers frères, est le jour de la résurrection et de la vie. En rendant plus vifs les heureux tressaillements de notre foi, la sainte Quarantaine a donné pour nous plus de charmes à ce jour ; car à une époque que le souvenir de nos fautes avait imprégnée de tristesse a succédé l’époque du pardon ; notre patiente pénitence se trouve donc immédiatement suivie de sa récompense, selon qu’il est écrit : « Ceux qui sèment dans les larmes récolteront dans la joie[3] ». O vous tous qui avez semé dans les larmes, recueillez, comme votre récompense, les plaisirs de l’allégresse. Que chacun le sache ; plus abondante a été la semaille des larmes, plus abondante est aujourd’hui la moisson des joies. Dans le présent se rencontre donc pour nous une image des béatitudes à venir. De même, en effet, qu’aujourd’hui les adoucissements du pardon succèdent aux rigueurs de la pénitence ; de même, dans le ciel, le repos succédera au travail et à la peine.

2. C’est pourquoi je m’adresse à vous surtout, mes bien-aimés, qui avez puisé une nouvelle vie dans le sacrement de la régénération, et qui portez, à cause de cela, la robe blanche ; je vous en supplie avec toute l’Église, conservez pur et sans tache le trésor de grâces que vous avez reçu : montrez, dans toute votre conduite, l’innocence que symbolise la blancheur de vos vêtements : que vos cœurs soient aussi purs que vos habits sont nets de toute souillure. Vous l’avez entendu, l’Évangile vous l’a dit aujourd’hui. Tous ceux qui croient en Dieu sont ses enfants. « Car il a donné le droit de devenir enfants de Dieu à tous ceux qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu même[4] ». Vous non plus, vous n’êtes pas nés d’un commerce charnel ; car vous avez été engendrés de Dieu le Père. Il ne vous reste donc qu’une chose à faire : c’est, pour ne pas déchoir de votre céleste origine, de mener une vie sainte, une conduite parfaite. Voilà le conseil que vous donne l’Apôtre : « Comme des enfants nouvellement nés, désirez ardemment le lait spirituel et pur qui vous fasse croître pour le salut[5] ». « Et que la paix de Dieu, qui surpasse tout sentiment, garde vos cœurs et vos corps[6] », par Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent l’honneur et la gloire pendant les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

  1. Psa. 117, 26
  2. Id. 27
  3. Id. 125, 5
  4. Jn. 1, 12
  5. 1Pi. 2, 2
  6. Phi. 4, 7