Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XII.djvu/321

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corps sont le temple du Saint-Esprit, croyez fermement que le Saint-Esprit est Dieu. Et ne voyez pas en lui comme un troisième Dieu, car le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu’un seul Dieu. C’est là ce que vous devez croire.



CHAPITRE VI. DE LA SAINTE ÉGLISE.

14. Après la Trinité vient la sainte Église. Dieu nous a été montré en lui-même et dans son temple. « Car le temple de Dieu est saint », dit l’Apôtre, « et c’est vous qui êtes ce temple  ». L’Église est sainte, une, véritable, catholique, toujours en lutte contre toutes les hérésies ; elle peut combattre, mais elle ne saurait être vaincue. Toutes les hérésies sont sorties de l’Église comme les sarments inutiles que l’on retranche du cep de la vigne ; quant à cette Église, elle demeure sur sa souche, sur son cep, dans sa charité. Les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.



CHAPITRE VII. LES PÉCHÉS LES PLUS GRAVES REMIS DANS LE BAPTÊME, ET LES PÉCHÉS VÉNIELS DANS L’ORAISON DOMINICALE.

15. « La rémission des péchés ». Vous avez en vous-mêmes le symbole dans toute sa perfection quand vous êtes baptisés. Que personne ne dise : Tel péché que j’ai commis ne m’est peut-être pas pardonné. Quelle faute avez-vous donc commise ? Quelle en était la gravité ? Quel que soit votre péché, fût-il des plus graves, des plus horribles, sa seule pensée dût-elle vous faire rougir ; quel qu’il soit, avez-vous donc mis à mort Jésus-Christ ? C’est ici, sans doute, le plus grand de tous les crimes, puisque rien n’est comparable à Jésus-Christ. Quel crime que de mettre à mort Jésus-Christ ? Tel fut cependant le crime des Juifs, et nous voyons que dans la suite beaucoup d’entre eux crurent à Jésus-Christ et burent son sang ; et c’est alors que le péché qu’ils avaient commis leur fut pardonné. Quand vous aurez reçu le baptême, suivez la voie sainte des préceptes du Seigneur, afin que vous conserviez ce sacrement jusqu’à votre mort. Je ne vous dis point que vous vivrez ici-bas sans péché, car il est des péchés véniels dont on ne saurait rester exempt pendant cette vie. Comme remède à tous ces péchés, nous avons le baptême ; et comme remède à tous ces péchés véniels que nous ne pouvons toujours éviter, nous avons la prière par excellence. Que renferme cette prière ? « Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés  ». Nous ne sommes purifiés qu’une seule fois par le baptême, et chaque jour nous nous purifions par la prière. Surtout mettez-vous en garde contre ces péchés qui vous sépareraient nécessairement dû corps de Jésus-Christ ; que Dieu vous préserve d’un tel malheur ! Ces chrétiens que vous voyez condamnés à la pénitence publique, ce sont ceux qui ont commis quelques grands crimes, adultères ou autres ; voilà pourquoi ils font pénitence. Si leurs péchés n’avaient été que légers, ils auraient pu s’effacer par la prière quotidienne.



CHAPITRE VIII. TROIS MOYENS DIFFÉRENTS D’OBTENIR LA RÉMISSION DES PÉCHÉS.

16. Dans l’Église, nous pouvons donc obtenir la rémission de nos péchés de trois manières différentes : dans le baptême, dans la prière et dans l’humilité plus grande de la pénitence ; cependant Dieu n’accorde ce pardon qu’à ceux qui ont été baptisés. La première rémission qu’il accorde, c’est aux baptisés qu’il l’accorde. Quand donc ? Quand ils reçoivent le baptême. Quant aux péchés qui plus tard sont pardonnés à ceux qui prient et à ceux qui font pénitence, ce n’est qu’après le baptême et à cause de ce sacrement qu’ils sont pardonnés. Ceux qui ne sont pas encore nés, comment pourraient-ils dire : « Notre Père ? » Tant que vous resteriez catéchumènes, vos péchés resteraient dans votre âme. S’il en est ainsi des catéchumènes, à combien plus forte raison doit-il en être ainsi des païens, et surtout des hérétiques ? Pourtant nous n’invalidons pas le baptême conféré aux hérétiques. Pourquoi ? Parce qu’ils conservent le baptême, comme un déserteur conserve son caractère ; le baptême reste donc en eux, non pas comme un gage de récompense, mais comme un titre de condamnation. Et cependant si le déserteur, revenant à de meilleures dispositions, reprend le métier des armes, osera-t-on changer son caractère ?