Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XII.djvu/415

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le vieil homme. C’est en effet en l’intérieur de l’âme que s’accomplit cette parole de l’Apôtre : « Dépouillez-vous du vieil homme, et revêtez-vous de l’homme nouveau ». Ce qu’il explique en disant que « nous devons renoncer au mensonge, et parler selon la vérité (Eph., IV, 22-25 ) ».Or, n’est-ce pas dans le secret de son âme que le juste renonce au mensonge, afin que disant la vérité dans son cœur, il habite sur la montagne sainte du Seigneur ? Bien plus, le mystère de cette résurrection spirituelle est renfermé dans celui de la résurrection corporelle de Jésus-Christ ; et il nous en avertit lui-même, lorsqu’il dit à Madeleine : « Ne me touchez pas, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père (Jean, XX, 17 ) ». C’est aussi à ce même mystère que se rapportent ces paroles de l’Apôtre : « Si vous êtes ressuscités avec Jésus-Christ, recherchez les choses du ciel, où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu ; et n’ayez de goût que pour les choses d’en-haut (Coloss., III, I, 2 ) ». Et en effet, ne point toucher le Christ avant qu’il soit remonté vers son Père, c’est ne se permettre à son égard aucune pensée basse et terrestre. Quant à la mort corporelle que Jésus-Christ a daigné subir comme homme, elle nous est un exemple de celle que nous devons souffrir en notre chair. Car ses souffrances sont pour tous ses disciples une puissante exhortation à ne pas craindre « ceux qui tuent le corps, et « qui ne peuvent tuer l’âme (Matt., X, 28 ) ». Aussi l’Apôtre dit-il dans le même sens « qu’il accomplit en sa chair ce qui manque à la passion de Jésus-Christ (Coloss., I, 24 ) ». Nous trouvons également dans la réalité de sa résurrection corporelle le modèle et la certitude de notre propre résurrection, puisqu’il a dit à ses apôtres : « Touchez et voyez, car un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai ( Luc, XXIV, 39 ) ». Bien plus, ce ne fut qu’après avoir touché ses plaies, que l’un d’entre eux s’écria : « Mon Seigneur et mon Dieu ( Jean, XX, 28 ) ! » Or, cette réalité si évidente de la résurrection du Sauveur devenait pour les apôtres la démonstration de cette parole : « Pas un seul cheveu de votre tête ne périra ( Luc, XXI, 18 ) ». Pourquoi donc disait-il à Madeleine : « Ne me touchez point, car je ne suis « pas encore remonté vers mon Père », tandis qu’il permettait ensuite à ses apôtres de le toucher avant son ascension ? C’est qu’il avait en vue, dans la première circonstance, le mystère de notre résurrection spirituelle, et dans la seconde, celui de notre résurrection corporelle. Il serait, en effet, par trop absurde et ridicule de soutenir avec quelques-uns qu’avant son ascension Jésus-Christ permit aux hommes de le toucher, et aux femmes, seulement après. Au reste, l’Apôtre voyait en la résurrection du Christ le type et le modèle de la nôtre, quand il disait : « Chacun à son rang, Jésus-Christ d’abord, puis ceux qui sont à Jésus-Christ ( I Cor., V, 25 ) » ; d’ailleurs, le contexte de ce passage prouve qu’il s’agit ici de cette résurrection des corps au sujet de laquelle le même Apôtre a dit que « Jésus-Christ changera notre corps misérable, en le rendant conforme à son corps glorieux ( Philipp., III, 21) ». Ainsi, Jésus-Christ en mourant une seule fois, a remédié à la double mort de l’homme ; et en ressuscitant une seule fois, il est devenu pour nous le divin exemplaire d’une double résurrection. Et en effet, son humanité sainte nous présente dans sa mort et dans sa résurrection le type sacré et le modèle salutaire de notre résurrection spirituelle et corporelle.


CHAPITRE IV. LE NOMBRE SIX.

7. Ce rapport de l’unité à la dualité nous ramène au nombre trois, puisque deux et un font trois. Mais ce dernier nombre multiplié par lui-même nous donne six, car un, plus deux, et plus trois font six. Or, ce nombre six est dit un nombre parfait, parce qu’il est complet en toutes ses subdivisions, savoir l’unité, le tiers et la moitié ; sans qu’on puisse le concevoir sous quelque autre rapport. Ainsi l’unité donne six, le tiers, deux, et la moitié, trois. Pareillement, un plus deux, et plus trois font six. L’Ecriture elle-même nous indique cette perfection numérique, quand elle nous dit que Dieu acheva l’œuvre de la création en six jours, et qu’au soir du sixième jour il créa l’homme à son image ( Gen., I, 27 ). Nous voyons également que le Fils de Dieu s’est incarné au sixième âge du monde, et qu’il devint alors Fils de l’homme pour réformer l’homme selon l’image et la ressemblance du Créateur. Nous vivons en effet dans le sixième âge, soit