Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XII.djvu/577

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Ecritures prouvent que celui qu’on appelle proprement Esprit-Saint dans la Trinité, est l’Esprit du Père et du Fils ; celui dont le Fils lui-même a dit : « Celui que je vous enverrai duPère (Jean, XV, 26 ) » ; et ailleurs : « Celui que mon Père enverra en mon nom (Id., XIV, 26 ) ». Ce qui prouve qu’il procède des deux, c’est que le Fils lui-même a dit : « Il procède du Père » ; puis après sa résurrection d’entre les morts, apparaissant à ses disciples, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez le Saint-Esprit (Jean, XX, 22 ) », pour faire voir qu’il procède aussi de lui. Et c’est là cette « vertu » qui « sortait de lui », comme on le voit dans l’Evangile, « et les guérissait tous (Luc, VI, 19 ) ». 46. Mais pourquoi a-t-il d’abord donné le Saint-Esprit sur la terre après sa résurrection (Jean, XX, 22), puis l’a-t-il ensuite envoyé du ciel (Act., II, 4 ) ? C’est, je pense, parce que la charité, qui nous fait aimer Dieu et le prochain, est répandue en nos cœurs par ce Don même (Rom., V, 5 ), pour accomplissement des deux commandements auxquels se rattachent toute la loi et les prophètes (Matt., XXII, 37-40 ). C’est ce que le Seigneur Jésus a voulu faire entendre en donnant deux fois le Saint-Esprit : une fois sur la terre, pour indiquer l’amour du prochain, et une seconde fois du haut du ciel en vue de l’amour de Dieu. Que si on peut expliquer autrement ce double envoi de l’Esprit-Saint, tout au moins nous ne pouvons douter que c’est bien le même Esprit que Jésus a donné après avoir soufflé et dont il a dit aussitôt : « Allez, baptisez toutes les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Id., XIII, 19 ) » ; paroles où la souveraine Trinité est si formellement indiquée. C’est donc le même Esprit qui a été donné du ciel le jour de la Pentecôte, c’est-à-dire dix jours après que le Seigneur fut monté au ciel. Comment donc ne serait-il pas Dieu, celui qui donne l’Esprit- Saint ? Ou plutôt quel grand Dieu que celui qui donne un Dieu ! Car aucun de ses disciples n’a jamais donné l’Esprit-Saint. ils priaient pour le faire descendre sur ceux à qui ils imposaient les mains, mais ils ne le donnaient pas. Et cet usage, l’Église le maintient encore par ses pontifes. Simon le magicien lui-même, en offrant de l’argent aux Apôtres, ne dit pas : « Donnez-moi aussi ce pouvoir », afin que je donne le Saint-Esprit, mais « afin que tous ceux à qui j’imposerai les mains, reçoivent l’Esprit-Saint ». Et plus haut, l’Ecriture n”avait pas dit : Simon voyant que les Apôtres donnaient l’Esprit-Saint, mais bien : « Or, Simon voyant que, par l’imposition des mains des Apôtres, l’Esprit-Saint était donné (Act., VIII, 19, 18 ) ». Aussi le Seigneur Jésus n’a pas seulement donné le Saint-Esprit comme Dieu, mais il l’a encore reçu comme homme ; c’est pourquoi on le dit plein de grâce (Jean, I, XIV ), et de l’Esprit-Saint (Luc., XI ; 52, IV, 1 ). On écrit encore de lui en termes plus clairs : « Parce que Dieu l’a oint de l’Esprit-Saint (Act., X, 38 ) » ; non certes avec de l’huile visible, mais par le don de la grâce, symbolisé par le parfum dont l’Église oint les baptisés. Mais le Christ n’a pas été oint par le Saint-Esprit au moment de son baptême, quand le Saint-Esprit descendit sur lui en forme de colombe (Matt. III, 16 ) — circonstance où il a daigné figurer d’avance son corps, c’est-à-dire l’Église dont les membres reçoivent le Saint-Esprit principalement dans le baptême — mais il faut entendre qu’il a reçu l’onction mystérieuse et invisible, quand le Verbe de Dieu a été fait chair (Jean I, 14 ), c’est-à-dire quand la nature humaine, sans l’avoir mérité par aucunes bonnes œuvres précédentes, a été unie au Verbe-Dieu dans le sein d’une Vierge, de manière à ne former avec lui qu’une personne. Voilà pourquoi nous confessons qu’il est né du Saint-Esprit et de la Vierge Marie. Car ce serait le comble de l’absurdité de croire qu’il n’a reçu le Saint-Esprit qu’à trente ans — âge auquel il a été baptisé par Jean (Luc, III, 21-23 ). Nous devons croire, au contraire, que, s’il est venu au baptême sans aucune espèce de péché, il n’y est certainement pas venu sans l’Esprit-Saint. En effet, s’il est écrit de son serviteur et précurseur Jean : « Il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère (Id., I, 15 ) », parce que, quoique engendré d’un homme, il a cependant reçu le Saint-Esprit dès sa formation dans le sein maternel ; que faudra-t-il penser, que faudra-t-il croire de l’Homme-Christ, dont la chair n’a point été conçue charnellement, mais spirituellement ? Et quand on écrit qu’il a reçu de son Père la promesse du Saint-Esprit et qu’il l’a répandu (Act., II, 33 ), on nous montre par là même qu’il a les deux natures, la nature humaine et la nature divine, puisqu’il a reçu