Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XIV.djvu/35

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monde, le jour, Fils du jour Père, c’est-à-dire, la lumière de la lumière, dont la venue en ce monde a inauguré la nouvelle alliance ? Voilà pourquoi encore, immédiatement après ces paroles : « Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; que toute la terre chante au Seigneur ; bénissez son saint nom », le Prophète déclare que le Sauveur sera bientôt annoncé ; puis il ajoute : « Annoncez le jour issu du jour, son Salut (1) ». Prêtre et victime tout ensemble,. Jésus-Christ a donc offert le sacrifice de louange, accordant aux méchants le pardon de leurs fautes, et aux bons la grâce de bien faire. Pour adorer Dieu, on lui offre le sacrifice de louange, « afin que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur (2) ».


CHAPITRE VII. LES JUIFS INTERPRÈTENT FAUSSEMENT EN LEUR FAVEUR CERTAINES PROPHÉTIES. ORACLES PROPHÉTIQUES LES PLUS DÉFAVORABLES AUX JUIFS.

9. Dès que les Juifs entendent les passages précités des psaumes, ils relèvent la tête et répondent : Nous voilà : c’est de nous qu’il est question dans ces psaumes ; c’est à nous que le Psalmiste a parlé, car nous sommes Israël, le peuple de Dieu ; nous nous reconnaissons dans ces paroles du Prophète : « Ecoutez, mon peuple, et je vous parlerai : Israël, écoutez-moi, et je vous attesterai la vérité ». A cela que pouvons-nous répondre ? Nous connaissons, il est vrai un Israël spirituel dont parle l’Apôtre quand il dit : « Et tous ceux qui se conduiront selon cette règle, la paix et la miséricorde à eux et à l’Israël de Dieu (3) ». Pour cet Israël, dont le même Apôtre nous dit : « Considérez les Israélites selon la chair (4) », nous savons qu’il est charnel. Mais les Juifs ne le comprennent pas, et par là ils se donnent à eux-mêmes la preuve qu’ils sont charnels. Entretenons-les quelques instants, comme s’ils étaient présents.

Est-il possible que vous apparteniez à ce peuple que le Dieu des dieux a appelé depuis le lever jusqu’au coucher du soleil ? N’êtes-vous pas venus d’Égypte dans la terre de Chanaan ? Vous n’avez pas été appelés des pays qui sont au levant et au couchant, mais vous êtes venus d’Égypte pour vous disperser en Orient et en Occident. N’êtes-vous pas plutôt du nombre des ennemis de celui qui a dit dans le psaume : « Mon Dieu m’a fait voir la manière dont il veut traiter mes ennemis : ne les faites pas mourir, de peur qu’on n’oublie votre loi : dispersez-les par votre puissance (1) ». C’est pourquoi n’oubliant pas la loi. de Dieu, vous la portez partout comme un enseignement pour les Gentils, et un opprobre pour vous : vous ne la connaissez pas, et vous la transmettez au peuple, qui a été appelé depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher. Le nierez-vous ? Si vous ne voyez point le manifeste et indubitable accomplissement d’une prédiction si autorisée, à quoi le devez-vous, sinon à un aveuglement plus complet ? Et si, le voyant, vous ne l’avouez pas, n’est-ce point le fait d’une rare impudence ? Que répondrez-vous donc à ce passage du prophète Isaïe : « Dans les derniers temps, la montagne sur laquelle se bâtira la maison du Seigneur, sera fondée sur le haut des monts, et elle s’élèvera au-dessus des collines ; toutes les nations y accourront en foule, en disant : Allons, montons à la montagne du Seigneur, et à la maison du Dieu de Jacob : il nous enseignera la voie du salut, et nous y marcherons, parce que la loi sortira de Sion, et la parole du Seigneur de Jérusalem (2) ». Parce que vous avez entendu le prophète parler de la maison de Jacob, de Sion, et de Jérusalem, répondrez-vous : Nous voilà ? Mais nous ne nions point que la race de Jacob soit la source d’où est sorti, selon la chair, Jésus-Christ Notre-Seigneur, qu’Isaïe a désigné sous l’emblème d’une montagne placée sur la cime des monts, parce que sa grandeur surpasse toutes les grandeurs : nous l’avouons, les apôtres et les églises de Judée, qui ont cru en Jésus-Christ aussitôt après sa résurrection, appartiennent à la maison de Jacob : on ne doit voir spirituellement en Jacob que le peuple chrétien ; quoique d’origine plus nouvelle que le peuple juif, il le surpasse néanmoins en grandissant et il le subjugue : et ainsi se trouve accompli ce qui a été figurativement prédit des deux fils d’Isaac : « L’aîné sera assujéti au plus jeune (3) ». Dans le sens spirituel, Sion et Jérusalem servent à désigner l’Église : cependant ces deux noms servent plus encore à porter contre les Juifs un témoignage écrasant, car là ils ont crucifié le Sauveur,