Page:Augustin Crampon - La Bible, édition en un volume, Desclée, 1904.djvu/1021

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Chap. XXXI, 16.
Chap. XXXI, 25.
JÉRÉMIE.

  Des lamentations et des pleurs amers :
  Rachel pleurant ses enfants ;
  Elle refuse d’être consolée,
  Parce que ses enfants ne sont plus.[1]
16 Ainsi parle Jéhovah :
  Retiens ta voix de gémir
  Et tes yeux de pleurer,
  Car ton œuvre aura sa récompense, dit Jéhovah :
  Ils reviendront du pays de l’ennemi.
17 Il y a de l’espérance pour tes derniers jours, dit Jéhovah,
  Et tes enfants retourneront dans leurs frontières.
18 J’ai entendu Ephraïm qui gémit dans l’exil :
  « Tu m’as châtié, et j’ai été châtié
  Comme un veau indompté :
  Fais-moi revenir et je reviendrai.
  Car tu es Jéhovah mon Dieu.
19 Car après m’être détourné, je me suis repenti
  Et après avoir compris j’ai frappé ma cuisse ;
  J’ai été honteux et confus,
  Parce que j’ai porté l’opprobre de ma jeunesse.»
20 Ephraïm est-il donc pour moi un fils si cher
  Un enfant favori ?
  Car chaque fois que je parle contre lui,
  Je me ressouviens encore de lui ;
  Aussi mes entrailles se sont émues sur son sort ;
  Oui, j’aurai pitié de lui, dit Jéhovah.[2]
 
21 Dresse-toi tes signaux, pose-toi des jalons ;
  Fais attention à la route,
  Au chemin par lequel tu as marché.[3]
  Reviens, vierge d’Israël,
  Reviens dans tes villes.
22 Jusques à quand seras-tu errante,
  Fille rebelle ?
  Car Jéhovah a créé une chose nouvelle sur la terre
  Une femme entourera un homme.[4]
 
23 Ainsi parle Jéhovah des armées, Dieu d’Israël :
  On dira encore cette parole dans la terre de Juda et dans ses villes
  Quand je ramenerai leurs captifs :
  « Que Jéhovah te bénisse, demeure de la justice,
  Montagne de la sainteté ! »
24 Là habiteront Juda et toutes ses villes,
  Les laboureurs et ceux qui conduisent les troupeaux.
25 Car j’abreuverai l’âme alterée,
  Et je rassasierai l’âme languissante. —
  1. 15. (N.b. Wikisource : Cette note est rapportée de la page qui précède ; et cette mention-ci n’apparaît pas en « transclusion ».) Rachel, la mère de Joseph (par conséquent l’aïeule d’Ephraïm et de Manassé dont on vient d’annoncer le retour), et de Benjamin, dont la naissance lui avait coûté la vie, représente ici toutes les mères Israélites. Elle nous est montrée, assise sur la colline de Rama, d’où l’on découvre tout le pays d’Ephraïm, et faisant retentir ses cris et ses lamentations sur ses descendants égorgés par l’ennemi. Comp. Math. ii, 17 sv.
  2. 20. En entendant la prière d’Ephraïm, Dieu sent son cœur ému, et il s’étonne lui-même que cet ingrat lui soit encore si cher.
  3. 21. Avant de quitter la terre étrangère, qu’Ephraïm envoie en avant des éclaireurs pour jalonner la route, afin que nul ne s’égare.
  4. 22. Une femme entourera un homme ; ou bien : la femme entourera l’homme. L’interprétation communément reçue parmi les catholiques est que ce passage vise l’incarnation du Verbe dans le sein virginal de Marie. - Voici toutefois d’après quelques auteurs quelle serait la pensée du prophete. Jusqu’alors c’est Jéhovah qui recherchait Israël ; « Il avait, dit Isaïe (lxv 2), étendu tout le jour ses mains vers un peuple ingrat »; l’amour divin l’avait poursuivi et comme entouré, sans qu’Israël eût jamais pleinement répondu à ces avances. Maintenant tout va changer : ce sera la nation d’Israël, cette fille rebelle qui, comme une épouse, entourera de ses bras Jéhovah, son époux, et ne voudra plus se séparer de lui. — On peut invoquer, en faveur de cette interprétation, les nombreux passages où les infidélités d’Israël sont traitées d’adultères : Is. liv, 6–8; Ezéch. xvi; Os. ii; Jérém. ii, 2, 20–25; iii, 8; ix, 2; les passages de Jérémie où Dieu demande avec tant d’amour à son épouse infidèle de revenir à lui : xvi, 13; xxiii, 8; xxiv, 6–7; xxix, 14; xxx, 3, 14–18; xxxi, 3–8, 20–22. C’est aussi de la sorte que la version syriaque a compris ce passage. Elle traduit : « la femme aimera tendrement l’homme.» Du reste, il n’est pas tout à fait exact de dire, comme le font plusieurs, que la tradition patristique tienne pour l’interprétation messianique, au sens de Is. vii, 14. On ne peut guère invoquer avec raison que l’autorité, assurément grande, de S. Jérôme, et celle de S. Athanase.
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