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Chap. III, 8.
Chap. IV, 14.
LIVRE DE RUTH.


doucement, découvrit ses pieds et se 8coucha. Au milieu de la nuit, cet homme eut une frayeur ; il se pencha et vit qu’une femme était couchée à ses pieds. 9“ Qui es-tu ?” lui dit-il. Elle répondit : “ Je suis Ruth, ta servante ; étends sur ta servante le pan de ton manteau, car tu as droit de rachat.” 10Il dit : “ Bénie sois-tu de Jéhovah, ma fille ! Ton dernier amour surpasse le premier, car tu n’as pas recherché des jeunes gens, pauvres ou riches. Maintenant,[11] ma fille, ne crains point ; tout ce que tu diras, je le ferai pour toi ; car tout le peuple de Bethléem sait que tu es une femme vertueuse. 12J’ai en effet droit de rachat, mais il y en a un autre qui est plus proche que moi. 13Passe ici la nuit ; et demain, s’il veut user envers toi de son droit, c’est bien, qu’il le fasse ; mais s’il ne veut pas te racheter, je te rachèterai, moi, Jéhovah est vivant ! Reste couchée jusqu’au matin.”

14Elle resta donc couchée à ses pieds jusqu’au matin, et elle se leva avant qu’un homme put en reconnaître un autre. Booz dit : “ Qu’on ne sache pas que cette femme est entrée dans l’aire.” [15]Et il ajouta : “ Donne le manteau qui est sur toi, et tiens-le.” Elle le tint ; et il y mit six mesures d’orge, qu’il chargea sur elle ; puis il rentra dans la ville.

16Ruth étant revenue auprès de sa belle-mère, Noémi lui dit : “ Qu’as-tu fait, ma fille ?” Ruth lui raconta tout ce que cet homme avait fait pour elle. 17“ Il m’a donné, ajouta-t-elle, ces six mesures d’orge, en disant : Tu ne retourneras pas les mains vides chez ta belle-mère.” 18Et Noémi dit : “ Reste ici, ma fille, jusqu’à ce que tu saches comment finira la chose ; car cet homme ne se donnera point de repos qu’il n’ait terminé cette affaire aujourd’hui.”

CHAP. IV.Booz épouse Ruth. Généalogie de David.

4 Booz monta à la porte de la ville et s’y assit. Or voici que le proche parent dont Booz avait parlé vint à passer. Il lui dit : “ Arrête-toi, assieds-toi ici, toi un tel.” Cet homme s’arrêta et s’assit. 2Alors Booz prit dix hommes parmi les anciens de la ville, et il dit : “ Asseyez-vous ici.” 3Lorsqu’ils se furent assis, il dit au proche parent : “ La portion de champ qui appartenait à notre frère Elimélech, a été vendue par Noémi, qui est revenue du pays de Moab. 4Et j’ai dit : je veux t’en informer et te dire : Achète-la en présence de ceux qui siègent ici des anciens de mon peuple. Si tu veux user du droit de rachat, rachète-la, si tu ne veux pas, déclare-le-moi, afin que je le sache ; car il n’y a personne avant toi qui ait ce droit ; moi, je viens après-toi.” Il répondit : “ Je rachèterai.” 5Et Booz dit : “ Le jour ou tu acquerras le champ de la main de Noémi, tu l’acquerras en même temps de Ruth la Moabite, femme du défunt, pour faire revivre le nom du défunt dans son héritage.” 6Le proche parent répondit : “ Je ne puis pas le racheter pour mon compte, de peur de détruire mon propre héritage. Fais usage de mon droit de rachat, car je ne puis racheter.”

[7]C’était autrefois la coutume en Israël, en cas de rachat et d’échange, pour valider toute affaire, que l’homme ôtait son Soulier et le donnait à l’autre ; cela servait de témoignage en Israël. 8Le plus proche parent dit donc à Booz : “ Acquiers pour ton compte.” Et il ôta son soulier. 9Et Booz dit aux anciens et à tout le peuple : “ Vous êtes témoins aujourd’hui que j’ai acquis de la main de Noémi tout ce qui appartenait à Elimélech, à Cheljon et à Mahalon, 10et que j’ai acquis en même temps pour femme Ruth la Moabite, femme de Mahalon, pour faire revivre le nom du défunt dans son héritage, afin que le nom du défunt ne soit point retranché d’entre ses frères et de la porte de son peuple. Vous en êtes témoins en ce jour.” 11Tout le peuple qui était à la porte et tous les anciens dirent : “ Nous en sommes témoins. Que Jéhovah rende la femme qui entre dans ta maison semblable à Rachel et à Lia, qui toutes les deux ont bâti la maison d’Israël ! Sois fort dans Ephrata, et fais-toi un nom dans Bethléem ! 12Puisse ta maison être semblable à la maison de Pharès, que Thamar enfanta à Juda, — par la postérité que Jéhovah te donnera de cette jeune femme ! ”

13Booz prit Ruth, et elle fut sa femme, et il alla vers elle. Jéhovah donna à Ruth de concevoir, et elle enfanta un fils. 14Les


III, 11. Tout le peuple de Bethléem, litt. toute la porte (la ville) de mon peuple : en Orient, les habitants ont coutume de se réunir sur la place publique, qui est, non au centre de la ville, mais tout près de la porte ; de là cette locution.

15. Il rentra ; Vulg., elle rentra.

IV, 7. Cette coutume tire sans doute son origine de ce fait qu’on prenait possession d’un bien fonds en y posant le pied. Oter son soulier et le donner à un autre devint donc le signe naturel de la transmission de la propriété.


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