Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/109

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pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. Que si c’est par l’esprit de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu à vous[1]. Ou bien encore, comment quelqu’un peut-il entrer dans la maison du fort[2] et enlever ses meubles, si auparavant il ne lie le fort ? Et alors il pillera sa maison. Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi dissipe[3]. C’est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera remis aux hommes ; mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis. Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, il lui sera remis ; mais à celui qui aura parlé contre l’Esprit-Saint[4], il ne sera remis ni dans ce siècle, ni dans le siècle futur. Ou estimez l’arbre bon, et son fruit bon ; ou estimez l’arbre mauvais, et son fruit mauvais : car c’est par son fruit qu’on connaît l’arbre[5]. Race de vipères, comment,

  1. L’Esprit de Dieu ; S. Luc dit : le doigt de Dieu, c’est-à-dire, la vertu de Dieu. — Le royaume de Dieu, le règne du Messie, le Messie lui-même est donc venu à vous, comme je vous l’annonce.
  2. C’est-à-dire d’un homme fort et vaillant. Sens : Le fort ne peut être vaincu que par un plus fort que lui ; donc Notre-Seigneur est plus fort que le démon, puisqu’il trouble son empire, le chasse de sa demeure et lui enlève ce qu’il possédait.
  3. Notre-Seigneur conclut par une réprimande sévère adressée aux Pharisiens, qui, au lieu de lui amener le peuple dont ils étaient les pasteurs, le détournaient d’aller à Jésus, et le conduisaient à sa perte.
  4. Ce péché des Pharisiens consistait en ce que, contre des preuves visibles et contre leur propre conviction, ils attribuaient à l’esprit malin ce que le Saint-Esprit opérait dans Jésus-Christ. Comme il suppose un entier endurcissement et une révolte absolue de la volonté, il est, dit Corn. Lapierre, rarement et difficilement remis. Toutefois, remarque Kohlgrueber, rien n’est impossible à la grâce, ni au-dessus du pouvoir des clefs confié à l’Église, et ici, comme dans un passage célèbre de S. Paul (Hebr., vi, 4 sv.), on ne doit pas trop presser les expressions. Voy. Marc, iii, 29, l’explication un peu différente que le P. Patrizzi donne de ce texte difficile.
  5. Locution proverbiale, qui signifie, appliquée à Notre-Seigneur : Vous reconnaissez que mes