Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/15

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Matthieu ne parle pas tout à fait comme saint Jean, ni saint Marc comme saint Luc. Toute version de la Bible doit tenir compte de ces principes incontestables. Le style n’appartient pas en propre au traducteur ; il faut, non qu’il vienne de lui, mais qu’il conserve l’empreinte de l’écrivain inspiré, de son temps, de son pays, de son âme. Prétendre tout ramener à une forme élégante selon le génie de l’idiome employé, réunir, par exemple, en une seule les phrases courtes et vives de la Bible et multiplier les périodes, ce serait, non pas traduire, mais travestir. La couleur biblique, telle est donc la première qualité d’une version française des Évangiles. La deuxième, c’est l’exactitude, une exactitude savante et minutieuse, qui reproduise jusqu’aux nuances. De quoi s’agit-il, en effet ? De la vie de l’Homme-Dieu, du divin fondateur de l’Église ; ce sont ses actes, c’est son enseignement qu’on nous transmet : qui ne voit qu’une légère infidélité, un à-peu-près, pourrait devenir une erreur capitale ? La beauté littéraire réclame aussi ses droits dans une traduction des Évangiles ; mais elle ne vient qu’après l’exactitude, et doit se concilier avec la couleur biblique. La réunion de ces trois qualités serait la perfection : heureux si nous ne sommes pas resté trop loin de cet idéal ! Avertissons le lecteur qu’il trouvera, quoique bien rarement, quelques mots en italique dans le texte