Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/193

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par mains communes ou impures, par corban, par parascève : ce n’est donc pas à des Juifs convertis qu’il s’adresse principalement. En parlant de l’offrande de la veuve qui avait mis dans le tronc deux petites pièces de monnaie bien connues des Juifs et des Grecs, il en indique la valeur en monnaie romaine ; souvent il emprunte à la langue latine des mots qu’il n’explique même pas, centurio spiculator : c’est donc parmi les Romains et pour les Romains qu’il écrit.

Tous les anciens, à l’exception de saint Irénée[1], rapportent la composition de l’Évangile de saint Marc au temps de la première prédication de saint Pierre à Rome. Or saint Pierre arriva pour la première fois à Rome l’an 42, lors de la persécution d’Hérode Agrippa. Comme nous savons par d’autres témoignages qu’avant la mort de ce prince, laquelle arriva la septième année de son règne, l’an 43 de l’ère vulgaire, Pierre envoya son disciple prêcher à Alexandrie, c’est donc vers la fin de l’an 42, ou au commencement de l’an 43, que saint Marc composa son Évangile. Il l’écrivit en grec, langue prédominante dans l’Empire et généralement comprise à Rome à cette époque.

On a contesté l’authenticité des versets 9-20 du chapitre xvi ; au témoignage d’Eusèbe et de saint Jérôme, ce fragment manquait dans un certain nombre de manuscrits très-exacts[2], et l’on sait qu’il ne se

  1. Quand même le texte de saint Irénée (adv. Hæres. III, i, 1) ne serait pas équivoque et n’admettrait pas les explications que le P. Patrizzi et d’autres savants ont essayé de lui donner, on comprend que l’autorité d’un seul Père doit s’effacer devant un ensemble si imposant de témoignages contraires.
  2. Tout en faisant cette remarque, ces deux écrivains n’en restèrent pas moins convaincus de l’authenticité du passage en question.