Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/219

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lippe, son frère, qu’il avait épousée ; parce que Jean disait à Hérode : Il ne vous est pas permis d’avoir la femme de votre frère. Aussi Hérodiade lui tendait des embûches[1], et voulait le faire périr ; mais elle ne le pouvait pas. Car Hérode, sachant que c’était un homme juste et saint, le vénérait et veillait sur sa vie ; il faisait beaucoup de choses d’après ses conseils et l’écoutait volontiers. Mais un jour opportun arriva, le jour de la naissance d’Hérode, où il fit un festin aux grands de sa cour, aux tribuns militaires et aux principaux de la Galilée. La fille d’Hérodiade étant entrée, dansa[2], et plut tellement à Hérode et à ceux qui étaient à table avec lui, que le roi dit à la jeune fille : Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai. Et il ajouta avec serment : Quoi que ce soit que tu me demandes, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume[3]. Elle sortit[4], et dit à sa mère : Que demanderai-je ? Sa mère lui répondit : La tête de Jean-Baptiste. Aussitôt, revenant près du roi en grande hâte, elle lui fit cette demande : Je veux que vous me donniez tout à l’heure, dans un plateau, la tête de Jean-Baptiste. Le roi en fut contristé : néanmoins, à cause de son serment et de ceux qui étaient à table avec lui, il ne voulut point l’affliger

  1. Josèphe parle du mariage adultère d’Hérode, et dépeint Hérodiade comme une intrigante qui exerçait une grande influence sur ce faible monarque et le portait à faire des folies.
  2. À cette époque, les danses mimiques, importées de la Grèce, étaient en vogue dans l’empire romain ; elles avaient passé dans les mœurs des princes juifs, et les festins se terminaient toujours par ce divertissement.
  3. On sait que la promesse de la moitié du royaume était une formule de serment en usage dans l’antiquité.
  4. Les femmes n’assistaient point aux repas officiels.