Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/25

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communauté, poussaient toujours plus avant et quittaient les nouveaux convertis dès qu’ils les voyaient fermes dans la foi, firent sentir de bonne heure le besoin de consigner par écrit le fond de la prédication évangélique. Aussi, indépendamment de saint Matthieu, qui ne voulut pas quitter les chrétiens de la Palestine sans leur laisser un mémorial de l’Évangile auquel ils pussent recourir avec sécurité ; indépendamment de saint Marc, qui écrivit à Rome le résumé de la prédication de saint Pierre, un grand nombre de fidèles se mirent aussi à l’œuvre et firent des tentatives en ce genre, écrivant ce qu’ils savaient, sans prétention d’en faire une histoire suivie. C’est ce que nous atteste dans son Prologue[1] saint Luc, le troisième Évangéliste ; il ajoute que ces premières rédactions, qu’il ne blâme pas autrement, ou bien sont incomplètes, ou bien manquent d’ordre, ou bien n’ont pas été composées par des témoins oculaires, et nous donne ainsi le premier motif de son œuvre[2]

  1. Luc, i, 1-3.
  2. Avec des différences dans la forme, dans l’ordre ou dans le ton du récit, dit M. Wallon, il y a entre les trois premiers Évangélistes comme un fond commun, de telle sorte qu’on pourrait mettre leur triple histoire en colonnes parallèles. De là le nom de synoptiques qu’on leur a donné de l’autre côté du Rhin. D’où vient cela ? Au premier abord la réponse paraît facile : c’est un même sujet, un sujet réel, une même vie, un même enseignement, exposés par trois personnes différentes qui ont été témoins, ou qui rapportent le dire des témoins. Mais cette raison générale, l’unité du sujet, ne suffit pas à expliquer les coïncidences et les divergences verbales qui se croisent assez singulièrement, il faut l’avouer, dans les trois synoptiques. Bien des idées fausses et téméraires ont été émises pour résoudre cette difficulté ; M. l’abbé Lehir donne la véritable explication en quelques lignes : « Quand on s’attache aux points de ressemblance, on reste