Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/26

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Un point de vue un peu différent détermina la composition et la forme du quatrième Évangile. « Les premiers écrits, dit le docteur Reithmayr, suffirent tant que les auditeurs reçurent la parole évangélique avec simplicité, comme elle était annoncée. Mais il naquit bientôt une disposition tout autre qui, sous le nom de science (gnose), s’attacha à expliquer la nouvelle doctrine d’après des principes contraires à la prédication apostolique. La tradition, tant orale qu’écrite, dut être en partie confirmée, en partie complétée et précisée sur les points qu’on avait entrepris d’altérer. Le disciple bien-aimé de Jésus vivait encore pour empêcher cette subversion de la foi ; il composa un nouvel Évangile, avec l’intention, non de rédiger tous ses souvenirs sur l’histoire de Jésus-Christ, mais de rendre un nouveau témoignage au Verbe divin, en s’attachant de préférence soit aux circonstances omises par les trois premiers Évangélistes, soit aux points attaqués par l’hérésie. »

Ce simple coup d’œil sur l’origine et la formation des Évangiles indique la véritable idée qu’il faut se faire de ces livres. La critique et l’exégèse modernes auraient évité beaucoup d’erreurs, si elles

    convaincu, avec le Dr Hug, que S. Marc a vu l’Évangile de S. Matthieu, et que S. Luc a profité des écrits de ses deux devanciers. Quant aux divergences, elles seraient presque inexplicables, si les deux derniers synoptiques avaient lu le premier dans la langue même dont ils se servaient (la langue grecque). Le lisant dans une autre langue (la langue araméenne : voy. la Préface de l’Évangile selon S. Matthieu), ils l’ont traduit, chacun selon son génie. » Étude sur une ancienne version syriaque des Évang.