Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/280

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je ne connais point d’homme[1] ? L’ange lui répondit : L’Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu[2]. Voilà qu’Élisabeth, votre parente[3], a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et ce mois est le sixième de la grossesse de celle qu’on appelle stérile : car rien n’est impossible à Dieu[4]. Marie dit alors : Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole[5]. Et l’ange la quitta.

  1. Marie ne doute pas, mais elle représente à l’ange qu’elle a fait vœu de perpétuelle chasteté.
  2. « Fils de Dieu et fils d’une vierge, génération toujours virginale, et dans le sein de son Père et dans celui de sa mère ! Cela nous apprend qu’il n’y a rien de plus incompatible que l’impureté et la religion chrétienne. Élevé parmi des mystères si chastes, qui peut souffrir la corruption dans sa chair ? Le seul nom de Jésus n’inspire-t-il pas la pureté ? Qui peut seulement le prononcer avec des lèvres souillées ? Mais qui peut approcher de son saint corps, l’unique fruit d’une mère vierge, avec des sentiments impurs, ou ne pas consacrer son corps, chacun selon son état, à la pureté après l’avoir reçu ? » Bossuet.
  3. Marie descendait de David, et Elisabeth d’Aaron ; mais on sait que les mariages de tribu à tribu étaient permis et pratiqués, si ce n’est dans le cas d’une femme héritière.
  4. « Au lieu que l’homme corrompt toutes choses, même la maternité, Dieu ne peut descendre nulle part sans y respecter le bien qu’il y trouve et sans y introduire le surcroit de la perfection. Combien donc et combien plus devait-il épargner le sein qu’il avait choisi, et lui laisser, en le fécondant, l’honneur de l’intégrité, afin que cette femme bénie entre les femmes eût en partage éternel toute la pureté d’une vierge, et toute la bonté d’une mère ? » Lacordaire.
  5. La désobéissance d’Eve, notre mère, son incrédulité envers Dieu, sa malheureuse crédulité à l’ange trompeur, était entrée dans l’ouvrage de notre perte : et Dieu a voulu aussi, par une sainte opposition, que l’obéissance de Marie et son humble foi entrât dans l’ouvrage de notre rédemption ; en sorte que notre nature fût réparée par tout ce qui avait concouru à sa perte, et que nous eussions une nouvelle Eve en Marie, comme nous avons en Jésus-Christ un nouvel Adam…, C’est ici le fondement solide de la grande dévotion que l’Église a toujours eue pour la sainte Vierge. » Bossuet.