Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/33

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altération essentielle dans le texte primitif et authentique des Évangiles. Ces livres furent composés successivement, dans un laps de temps d’environ cinquante années, de l’an 39 à l’an 95 de notre ère. Ces dates ne sont plus contestées aujourd’hui par les adversaires mêmes de la révélation, qui admettent qu’avant la fin du premier siècle les quatre Évangiles étaient acceptés partout sous leur forme actuelle. Tout le monde admet encore que saint Matthieu écrivit le premier (vers l’an 40) ; que saint Marc, qui écrivit ensuite (l’an 42 ou 43), avait sous les yeux le texte araméen de saint Matthieu ; que saint Luc, le troisième Évangéliste, qui rédigea son livre de l’an 50 à l’an 58, se servit des Évangiles de saint Matthieu et de saint Marc ; enfin, quand Clément d’Alexandrie et Eusèbe[1] ne nous diraient pas positivement que les Églises de l’Asie-Mineure étaient déjà en possession des trois premiers Évangiles lorsque saint Jean composa le sien, la lecture du quatrième Évangile suffirait à le prouver ; car on y trouve des allusions à des faits évangéliques supposés connus, et le récit serait quelquefois inintelligible, si telle ou telle page de saint Matthieu, ou de saint Luc ne venait l’éclairer. Cela posé, quand donc auraient eu lieu ces altérations que l’on soupçonne ? Nous ne demandons pas en quelle année, mais en quel laps de temps les placer ? Les Évangélistes écrivent tour à tour : saint Marc, deux ou trois ans seulement

  1. Hist. Eccl., vi, 15.