Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/32

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appartenait aux chefs des Églises, aux évêques ; la réception des livres dont la lecture faisait partie de la liturgie était donc du ressort de ces mêmes évêques, quand ils n’étaient pas, comme cela arrivait souvent, adressés directement par une Église-mère aux églises subordonnées, ou apportés par les Apôtres ou leurs disciples. Une fois admis par une communauté, on les conservait dans des archives comme un bien dont la destination principale n’était pas l’usage des particuliers, mais celui de la communauté entière ; et dans les siècles qui suivirent, les Pères, discutant avec les hérétiques, eurent plus d’une fois occasion d’en appeler aux exemplaires originaux, conservés encore de leur temps et employés pour la lecture publique dans les églises apostoliques d’Éphèse, de Corinthe, de Rome, etc., où l’on pouvait s’assurer facilement de la vraie teneur du texte primitif[1].

3o Une dernière considération nous paraît démontrer jusqu’à l’évidence l’impossibilité d’une

  1. Tertull., De Præscr. hæres. xxxvi ; Tertullien parle ici du Nouveau Testament en général. Ainsi, nous concéderons facilement aux adversaires de la révélation qu’un simple fidèle, heureux possesseur de la copie d’un Évangile, de celui de S. Marc, par exemple, ait pu essayer de l’enrichir par des additions empruntées à la tradition ou à d’autres Évangiles ; mais que l’Église elle-même, représentée par ses évêques, se soit donné cette licence, c’est une hypothèse aussi gratuite qu’invraisemblable, qui répugne au génie même de cette divine société, tel qu’il nous est manifesté dans toute la suite de son histoire, et qu’il s’exprime avec éclat, dès son origine même, dans l’avertissement par lequel l’apôtre S. Jean termine son Apocalypse (xxii, 18, 19) : « Je l’atteste à quiconque lira les paroles de cette prophétie : Si quelqu’un ajoute à ce livre, Dieu fera tomber sur lui les sept plaies qui y sont écrites ; et si quelqu’un retranche de ce livre, Dieu ôtera sa part du livre de vie. »