Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/405

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vie d’une chaudière d’huile bouillante, pour atteindre ensuite une vieillesse centenaire, le bruit s’était répandu, fondé sur une parole obscure du Sauveur, que l’Apôtre aimé de Jésus ne devait pas mourir. Saint Jean veut dissiper cette fausse opinion, et il raconte la scène où Jésus dit le mot qu’on avait mal compris. Quant aux deux derniers versets, même en les interprétant, avec le docteur Reithmayr, comme l’expression de la reconnaissance formelle de l’Évangile par les disciples qui étaient autour de saint Jean lorsqu’il le composa, cela ne prouverait rien contre l’authenticité de tout le chapitre.


Un passage de saint Jérôme marque avec autant de clarté que d’exactitude le but que s’est proposé le quatrième Évangéliste. « L’Apôtre saint Jean, dit ce Père, écrivit le dernier Évangile, sur la demande des évêques d’Asie, contre Cérinthe et d’autres hérétiques, spécialement contre l’erreur des Ébionites, qui commençaient à se répandre, et qui prétendent que le Christ n’a pas existé avant Marie[1]. » L’inspection du livre lui-même démontre la vérité de cette assertion.

D’abord saint Jean n’a pas eu pour objet d’écrire une histoire complète de Jésus. Il s’attache beaucoup plus aux discours et aux enseignements qu’aux actions ; à l’exception de deux miracles (chap. vi), il passe sous silence tous les faits racontés par les synoptiques jusqu’à la dernière semaine. Rien de la naissance du Sauveur, rien de son enfance. Aussi nul enchaînement dans les récits ; à chaque fait qu’il

  1. De Viris illustr. ix. Comp. Comment. in Matth. Prolog.