rapporte, c’est brusquement qu’il met son héros en scène et qu’il l’en fait disparaître. Il est clair encore par l’examen du livre, qu’il n’a pas été écrit pour les Juifs. Vous y chercheriez en vain un grand nombre de paraboles, ce genre d’enseignement si cher au peuple d’Israël ; des invectives contre l’orgueil et l’hypocrisie des Pharisiens ; une fois seulement il est fait mention des Scribes, les maîtres de la doctrine[1]. D’autre part, des noms d’origine hébraïque, et par conséquent parfaitement connus des Juifs, le mot Messie, par exemple, sont expliqués par une traduction grecque[2] ; les lieux de la Judée et de Jérusalem sont indiqués, décrits, définis avec soin, comme ignorés des lecteurs ; les coutumes judaïques sont rappelées chaque fois qu’il est nécessaire pour l’intelligence du récit[3] ; enfin le peuple juif est présenté comme un peuple étranger : saint Jean ne dit pas, comme les synoptiques, la foule, le peuple, mais les Juifs, ce que saint Matthieu ne fait qu’une seule fois[4].
Mais nous n’en sommes pas réduits à de simples conjectures et à des résultats négatifs ; saint Jean lui-même va nous dire le but qu’il a eu en vue : « Ces miracles ont été écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et que, croyant, vous ayez la vie en lui[5]. » Ainsi saint Jean veut montrer que Jésus-Christ est le Messie, le Fils de Dieu, égal à Dieu ; qu’il est le principe de la lumière et de la vie. Certes, ce n’est pas là un fait nouveau dans l’enseignement évangélique[6] ; c’est le but de la prédi-