Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/462

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ce sujet, leur dit : Cela vous scandalise ? Mais quand vous verrez le Fils de l’homme monter où il était auparavant[1] ? C’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie[2]. Mais il y en a parmi vous quelques-uns qui ne croient point[3]. Car, dès le commencement, Jésus savait qui étaient ceux qui ne croyaient point, et qui était celui qui le trahirait. Et il disait : C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, s’il ne lui est donné par mon Père[4]. De ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils ne l’accompagnaient plus[5]. Jésus donc dit aux

  1. Monter : avec son corps glorieux (Luc, xxiv, 51 ; Marc, xvi, 19). Ajoutez : Douterez-vous encore de ma parole ?
  2. Saint Cyrille : Ne croyez pas que c’est mon corps, en tant que mon corps, qui vous donnera la vie éternelle, mais l’esprit divin, la divinité qui habite en lui pour jamais. Mes paroles ne doivent donc pas être entendues de la chair seule, mais de l’esprit qui vivifie. Saint Chrysostome : Ce n’est pas une interprétation charnelle et grossière de mes paroles (comme si, par exemple, vous deviez manger ma chair coupée par morceaux), mais une interprétation spirituelle (savoir, que ma chair unie à la divinité doit être mangée comme une nourriture, mais d’une manière mystique et sacramentelle, sous les espèces du pain et du vin), qui vous donnera la vie ; mes paroles sur ce sujet doivent être entendues d’une manière spirituelle et élevée, et ainsi elles procurent la vie à qui croit et pratique. Plus simplement : Le Saint-Esprit seul peut vous donner l’intelligence et la foi de mes paroles, qui viennent de lui ; le sens humain, ou les forces naturelles de l’homme, ne sauraient vous y conduire. De ces trois interprétations, la troisième nous paraît préférable à la deuxième, et la deuxième à la première.
  3. Qui sont incrédules, non seulement sur ce point, mais sur tous mes enseignements en général. Saint Jean insinue que Judas était au nombre de ces incrédules.
  4. Voy. la note du vers. 45.
  5. Bossuet : « Tout ceci, dites-vous, n’est que mystère et allégorie ; manger et boire, c’est croire ; manger la chair et boire le sang, c’est les regarder comme séparés à la croix, et chercher la vie dans les blessures de notre Sauveur. Si cela est, mon Sauveur, pourquoi ne parlez-vous pas simplement, et pourquoi laisser murmurer vos auditeurs jusqu’au scandale et jusqu’à vous abandonner, plutôt que de leur dire nettement votre pensée ? Quand Jésus-Christ a proféré des parabo-