Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/480

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le regarde. Ses parents parlèrent ainsi, parce qu’ils craignaient les Juifs. Car déjà les Juifs étaient convenus entre eux que quiconque reconnaîtrait Jésus pour le Christ, serait chassé de la synagogue[1]. C’est pourquoi ses parents dirent : Il a de l’âge, interrogez-le. Pour la seconde fois les Pharisiens appelèrent l’homme qui avait été aveugle, et lui dirent : Rendez gloire à Dieu[2] ! Nous savons que cet homme est un pécheur. Il leur répondit : S’il est un pécheur, je ne sais ; je sais seulement que j’étais aveugle, et qu’à présent je vois[3]. Sur quoi ils lui dirent : Que vous a-t-il fait ? Comment vous a-t-il ouvert les yeux[4] ? Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit et vous l’avez entendu : pourquoi voulez-vous l’entendre encore ? Est-ce que, vous aussi, vous voulez devenir ses disciples ? Ils le chargèrent alors d’injures, et lui dirent : Sois son disciple, toi ; pour nous, nous sommes disciples de Moïse. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d’où il est. Cet homme

  1. L’exclusion de la synagogue (des assemblées religieuses), véritable excommunication, était temporaire ou perpétuelle.
  2. Formule en usage chez les Juifs pour adjurer quelqu’un de dire la vérité.
  3. Pour constater un miracle, il n’est nullement nécessaire, au moins dans la plupart des circonstances, d’avoir une longue habitude des recherches scientifiques. Il suffit de pouvoir attester deux faits à la portée de tous, par exemple, de pouvoir dire comme cet aveugle : J’étais aveugle et maintenant je vois. « Langage plein de raison ! Vous me demandez à moi, homme du peuple, comment s’est opéré le miracle ? Je n’en sais rien, et je n’ai ni obligation, ni besoin de vous le dire. Je me borne à attester deux faits qui se sont succédé, et je les atteste de manière à défier toute espèce de démenti. Liez-les comme il vous plaira, c’est votre affaire ; pour moi, je les maintiens comme indubitables à travers toutes vos explications, et par là même que je les fais demeurer debout, il vous est impossible d’échapper au miracle. » Lacordaire.
  4. Ils interrogent encore une fois cet homme, espérant surprendre dans un nouveau récit quelque contradiction qui justifie leur incrédulité.