Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/51

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Papias apprit du prêtre Jean d’Éphèse[1], et ce qu’affirment saint Irénée[2], Origène[3], saint Cyrille de Jérusalem, représentant de la tradition palestinienne[4], et saint Épiphane[5]. Eusèbe, qui nous a conservé la plupart de ces témoignages, tient la même chose d’une autre source. « Pantène, dit-il, le plus ancien chef de l’école catéchétique d’Alexandrie, avait trouvé dans les Indes le texte hébraïque du premier Évangile donné à ces peuples par saint Barthélemy[6]. » Enfin, saint Jérôme ajoute que l’original même de saint Matthieu se conservait encore de son temps dans la bibliothèque de Césarée, et que les Nazaréens de Bérée, ville de Syrie, lui avaient permis de le transcrire[7].

Malgré de si graves témoignages, ce fait a trouvé des contradicteurs dans les temps modernes, et l’on a soutenu que saint Matthieu a écrit en grec comme les autres Évangélistes. Parmi les partisans de cette opinion, nous nommerons le Dr Hug, homme d’ailleurs d’une sagacité égale à sa vaste érudition. Voici quel était son principal argument. En examinant de près la version syriaque, dite Peschito, de notre Évangile, il y trouva des preuves innombrables de l’influence du texte grec actuel, et il en conclut qu’elle avait été primitivement composée sur ce texte. Car, comment un chrétien de Syrie, s’il avait eu sous la main l’original araméen de

  1. Eusèb., Hist. eccl., iii, 39.
  2. Hær., iii, 1.
  3. Eusèb., ibid, vi, 25.
  4. Catéch., iv, 15.
  5. Hæres., xxx, 3.
  6. Hist. eccl., v, 10.
  7. S. Jérom., Catalog. vir. illustr., c. iii. — Le P. Patrizzi (De Evangeliis, lib I, c. i, q. 7.) pense que l’Évangile appelé par les anciens des Hébreux, ou selon les Hébreux, est le véritable Évangile araméen ou syro-chaldaïque de S. Matthieu, plus ou moins altéré par les Nazaréens et les Ébionites, sectes de chrétiens judaïsants.