Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/52

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saint Matthieu, aurait-il traduit de préférence sur une traduction, et sur une traduction grecque, laissant un travail sûr et aisé pour en embrasser un autre semé de difficultés et de périls ? Plutôt que d’admettre une hypothèse aussi peu vraisemblable, Hug aimait mieux penser que l’original araméen avait déjà disparu à une époque si voisine pourtant de l’Évangéliste (fin du iie siècle), ou, pour mieux dire, qu’il n’avait jamais existé. Certes, cet argument était spécieux ; mais voici qu’une découverte récente est venue le renverser et apprendre à la critique combien il est dangereux pour elle de se rendre indépendante de l’histoire. M. Cureton, chanoine de Westminster, vient de publier, d’après un ancien manuscrit syriaque du ive siècle, des fragments considérables des Évangiles dans une version jusque-là inconnue à l’Europe[1]. Or, l’étude attentive de ces fragments, et la comparaison qui en a été faite avec la Peschito actuelle, ont démontré que les influences visibles du grec dans cette dernière version tiennent à des retouches postérieures, dont il n’y a pas de traces dans les fragments plus anciens retrouvés par M. Cureton.

  1. Remains of a very ancient recension of the four Gospels in Syriac…, by W. Cureton, in-4o, London, 1858. — Voy. sur cet ouvrage une savante Étude de M. l’abbé Lehir, publiée en 1859, et insérée dans l’introduction au Nouveau Testam. de Reithmayr, traduite par M. Valroger. C’est à l’Étude de M. Lehir que nous empruntons en grande partie ce paragraphe.