Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/548

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chasse-mouches) de Pausanias, au deus myiagros ou myiodes de Pline. Ce nom, les Juifs du temps de Notre-Seigneur le donnaient au prince des démons, à Satan. (Matth. x, 25 ; xii, 24, 27.) La plupart des manuscrits grecs portent Beelzeboul, qu’on explique de deux manières : Seigneur de l’excrément (Dominus stercoris), ou Seigneur de la demeure céleste, du ciel. D’où est venu ce changement de la consonne finale ? Quelques-uns répondent : d’une erreur involontaire ; Hitzig : par euphonie, on a répété à la fin du mot la dernière consonne de l’antépénultième syllabe, comme on dit Babelmandel pour Babelmandeb ; Selden et Simonis : on a voulu, par cette légère altération, exprimer plus énergiquement le mépris et l’horreur pour le chef des esprits impurs. Ce dernier sentiment est le plus vraisemblable.

Béthanie : voyez Oliviers (Mont des).

Bethléem. — Ce nom désigne deux villes, dont l’une seulement joua un rôle important dans l’histoire du règne de Dieu, savoir : Bethléem, la cité de David (Luc, ii, 4), lieu de naissance du Sauveur, que glorifie le Prophète (Mich. v, 1), et qui, par cette haute destinée, est au rang des plus illustres villes du monde, malgré son insignifiance matérielle. Au temps où les patriarches habitaient Canaan, se trouvait déjà, à la place où fut plus tard Bethléem, un lieu nommé Ephrata, ce qui fit qu’elle s’appela aussi plus tard Bethléem-Ephrata ; et comme, lors du partage du pays sous Josué, elle fut attribuée à la tribu de Juda, elle fut encore nommée Bethléem de Juda, pour la distinguer de Bethléem de Zabulon. Si l’on excepte le triste souvenir du livre des Juges (xvii, 7-9), Bethléem paraît pour la première fois, dans l’histoire du règne de Dieu, au livre de Ruth, où est racontée l’origine de la famille de David par Booz et par Ruth ; puis, au livre des Rois (I, xvi, 13), elle est exaltée comme le lieu où naquit David, et où Samuel le sacra roi ; au livre du prophète Michée (v, 1), comme la ville où naîtra le Sauveur du monde. Eusèbe et saint Jérôme déterminent sa position, au sud de Jérusalem, à une distance de six milles romains, d’accord en cela avec les voyageurs modernes, qui placent la Bethléem actuelle (Beit-Lachm en arabe) à environ deux lieues de Jérusalem. Quoique dans la montagne, et située sur une hauteur rocheuse coupée à pic du côté de l’orient, elle était entourée de terrains très-fertiles, d’où son nom d’Ephrata, la fertile, et de Bethléem, maison, ou lieu du pain. Beit-Lachm a une population de 3, 000 chrétiens, dont 1, 500 catholiques. À l’est de la ville, à deux cents pas de distance, se trouve sur une hauteur le couvent latin des Pères de Terre-Sainte, qui renferme l’église bâtie par sainte Hélène à l’endroit même où naquit le Sauveur. Comme saint Luc met sans hésitation le lieu de naissance de Jésus-Christ hors de la ville, rien ne peut, dit le protestant Schubert (III, 17), ébranler la certitude du point fixé par l’église dont nous venons de faire mention, d’autant plus que la chrétienté ne l’a jamais perdu de vue depuis la naissance du Sauveur, et qu’elle a renouvelé dans chaque siècle le souvenir de cette situation unique. L’église de Notre-Dame de la Crèche (S. Maria de Præsepio) est une des plus anciennes et des plus