Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/580

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contraire, suivant laquelle, lorsque le Messie viendrait en ce monde et y établirait son règne, les Israélites pieux seraient d’abord ressuscités, en attendant la résurrection et le jugement universels qui auraient lieu à la fin des siècles. — 4° Enfin les Pharisiens admettaient l’existence d’êtres spirituels (anges) supérieurs à l’homme, ce en quoi ils différaient encore des Sadducéens.

Les préceptes de morale enseignés par les Pharisiens jouirent, à l’origine, d’une grande autorité ; eux-mêmes étaient de véritables modèles de vertu. Mais peu à peu ils s’écartèrent de l’esprit de Dieu ; en théorie comme en pratique, ils n’eurent plus d’estime que pour les observances extérieures, et transformèrent l’esprit primitif, sérieux et moral, en une sainteté apparente, cachant sous ce voile menteur l’orgueil, la haine, la colère, l’avarice. « Ils mettaient, dit le Dr Haneberg, un grand zèle à commenter la Thorah (la Loi, le Pentateuque) et à l’appliquer à toutes les actions de la vie ; mais, l’interprétant avec une subtilité extrême, ils en tirèrent les conséquences les plus éloignées, et finirent par bâtir un labyrinthe de règles, d’entraves, de défenses minutieuses et d’ordonnances gênantes qui embarrassaient au lieu d’éclaircir, faisaient de la loi un joug pesant, en rendaient la pratique aussi difficile que ridicule, et produisaient comme un fruit naturel, comme une conséquence pour ainsi dire nécessaire, l’hypocrisie sous ses formes les plus variées. Ajoutez un orgueil insupportable, une vaine recherche des préséances et des titres : un Pharisien était un homme infaillible et impeccable, qui se regardait comme meilleur que tous les autres, qui prenait la première place à la synagogue, qui priait sur les places publiques, qui faisait l’aumône à son de trompe, qui voulait être salué dans les rues, qui exténuait son visage pour qu’on y vit la trace de ses jeûnes. De tels hommes devaient être les adversaires naturels de Jésus, le réformateur des cœurs. Comp. Matth. v, vi passim ; xv, 1-20 ; xxiii al. Toutefois ce portrait ne convient pas à tous ; nous avons dans Nicodème (Jean, iii, 1 ; vii, 5 ; xix, 39) et dans Gamaliel des exemples de nobles et vertueux Pharisiens, et sans doute plusieurs autres leur ressemblaient. Ajoutons que les Pharisiens, sauf quelques altérations peu importantes de la véritable doctrine, s’en montraient, surtout vis-à-vis des Sadducéens, les gardiens fidèles et courageux. Voilà pourquoi Notre-Seigneur, tout en reprenant leurs vices, rappelle qu’ils sont assis sur la chaire de Moïse, et recommande d’écouter leurs enseignements (Matth. xxiii, 2, 3). — Kirchen-Lexicon, art. Pharisiens, par Ad. Maier.

Philippe : voy. Hérode (Famille d’).

Pilate. — L’an 25 de l’ère vulg., 778 de Rome, avant Pâque, Jésus étant dans sa trente-unième année, arriva en Judée le procurateur romain Pontius, surnommé Pilatus, soit parce que ses ancêtres appartenaient à la gens pileata, à la classe des affranchis, coiffés d’un bonnet de feutre ; soit à cause du pilum ou javelot d’honneur, dont lui ou un de ses ancêtres aurait été décoré. Les historiens classiques ne citent de Pilate que son nom (Tacite, Ann. xv, 44) ; Josèphe seul dit quelques mots de son administration, mais pour n’en relever que des traits de violence, de cruauté et de perfidie. Cette conduite exaspéra les plus considérables d’entre les