Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/86

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5 Ensuite, Jésus étant entré dans Capharnaüm, un centurion[1] l’aborda et lui fit cette prière : Seigneur, mon serviteur est couché dans ma maison, frappé de paralysie, et il souffre cruellement. Jésus lui dit : J’irai et je le guérirai. Seigneur, répondit le centurion, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ; mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri[2]. Car moi qui suis un homme soumis à la puissance d’un autre, je dis à l’un des soldats que je commande : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait[3]. En entendant ces paroles, Jésus fut dans l’admiration, et dit à ceux qui le suivaient : En vérité, je vous le dis, je n’ai pas trouvé une si grande foi dans Israël[4]. C’est pourquoi je vous dis que beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident, et auront place au festin[5] avec Abraham, Isaac et Jacob, dans

  1. Officier qui commandait cent soldats, vraisemblablement au service d’Hérode Antipas, tétrarque de la Galilée. Quoique Gentil, il était de ces hommes pieux qui reconnaissaient le vrai Dieu, et dévoué aux Juifs, auxquels il avait fait bâtir une synagogue (Luc, vii, 5). Cette dernière circonstance l’a même fait regarder par quelques-uns comme un prosélyte, c.-à-d. comme un Gentil converti à la religion mosaïque.
  2. Quelle humilité, dit saint Augustin ! celui qui se sent indigne que Jésus entre dans sa maison, se rend par là même digne que Jésus entre dans son âme. En effet, ce sont ces paroles du centurion que l’Église met sur les lèvres de ses enfants au moment où ils vont recevoir J.-C. dans la sainte communion.
  3. Le discours du centurion est vif et tout à fait militaire ; il n’achève même pas le raisonnement commencé. Au reste, la conséquence se devine sans peine : Vous à qui obéissent les forces de la nature, donnez vos ordres, commandez à la maladie, et elle quittera mon serviteur.
  4. L’admiration que témoigne ici le Sauveur ne vient pas de ce que la foi du centurion lui fût inconnue ; mais il s’exprime ainsi pour faire remarquer la grandeur de cette foi au peuple qui l’accompagnait. Saint Augustin.
  5. La félicité éternelle est souvent, dans la Bible, comparée à un festin, parce qu’elle apporte à l’homme le repos, la joie et le rassasiement.