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Page:Aulard - Histoire politique de la Révolution française.djvu/9

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dans presque toute la première partie de ce travail. Il n’y avait en effet, pour la période de 1789 à 1792, qu’à exposer, à mesure qu’elles se rencontrent, les manifestations des idées démocratiques et républicaines, en les plaçant dans le cadre de la monarchie constitutionnelle et du régime bourgeois. Pour les trois autres périodes, république démocratique, république bourgeoise, république plébiscitaire, il eût été difficile d’exposer à la fois, dans la même suite chronologique, les institutions, la lutte des partis, les vicissitudes de l’opinion publique. Ç’aurait été mettre dans le récit la confusion qui a existé dans la réalité, surtout pour la période de la république démocratique. J’ai cru devoir exposer tour à tour chacune de ces manifestations de la même vie politique, comme en plusieurs séries chronologiques parallèles. Je sais bien que les vicissitudes de l’opinion publique et celles des institutions sont connexes, se trouvent dans un rapport continuel d’influence réciproque. Aussi ai-je montré cette connexité, toutes les fois que c’était nécessaire. J’ai tâché de faire voir que ces phénomènes divers n’étaient séparés que dans mon livre, et non dans la réalité, que c’étaient les aspects d’une même évolution. À ce propos, je n’ai point hésité à me répéter, quand il le fallait, et ces redites corrigent peut-être ce qu’il y a de décevant dans tant d’abstractions, auxquelles j’ai dû me résigner, puisque c’est à cette seule condition qu’on peut mettre dans le récit une clarté qui n’est pas dans les choses, et puisque, même et surtout pour en montrer l’enchaînement, il faut considérer les faits par groupes et successivement.

Si on n’est pleinement satisfait ni de ma méthode ni de mon plan, j’espère qu’on aura du moins, quant à ma documentation, une sécurité, qui vient de la nature de mon sujet. Je veux dire qu’on n’aura pas à craindre qu’il m’ait été matériellement impossible de connaître toutes les sources essentielles. Il n’en est pas de même pour d’autres sujets. L’histoire économique et sociale de la Révolution, par exemple, est dispersée en tant de sources qu’il est actuellement impossible, dans le cours d’une vie d’homme, de les aborder toutes ou même d’en aborder les principales. Celui qui voudrait écrire, à lui seul, toute cette histoire, n’en pourrait approfondir que quelques parties et n’aboutirait, dans l’ensemble, qu’à une esquisse superficielle, tracée de seconde ou de troisième