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Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/107

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BLEU.

même qu’il avait été, beau, aimable, spirituel et magnifique ; mais il achetait bien cher le temps qu’on diminuait de sa pénitence : la seule pensée d’épouser Truitonne le faisait frémir. L’enchanteur lui disait les meilleures raisons qu’il pouvait, elles ne faisaient qu’une médiocre impression sur son esprit ; et il était moins occupé de la conduite de son royaume, que des moyens de prolonger le terme que Soussio lui avait donné pour épouser Truitonne.

Cependant la reine Florine, déguisée sous un habit de paysanne, avec ses cheveux épars et mêlés, qui cachaient son visage, un chapeau de paille sur la tête, un sac de toile sur son épaule, commença son voyage, tantôt à pied tantôt à cheval, tantôt par mer, tantôt par terre ; elle faisait toute la diligence possible ; mais ne sachant où elle devait tourner ses pas, elle craignait toujours d’aller d’un côté, pendant que son aimable roi serait de l’autre. Un jour qu’elle s’était arrêtée au bord d’une fontaine, dont l’eau argentée bondissait sur de petits cailloux, elle eut envie de se laver les pieds ; elle s’assit sur le gazon, elle releva ses blonds cheveux avec un ruban, et mit ses pieds dans le ruisseau : elle ressemblait à Diane qui se baigne au retour d’une chasse. Il passa dans cet endroit une petite vieille toute voûtée, appuyée sur un gros bâton ; elle s’arrêta, et lui dit : « Que faites-vous là, ma belle fille, vous êtes bien seule ? — Ma bonne mère dit la reine, je ne laisse pas d’être en grande