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L’OISEAU

compagnie, car j’ai avec moi les chagrins, les inquiétudes et les déplaisirs. » À ces mots, ses yeux se couvrirent de larmes : « Quoi ! si jeune vous pleurez, dit la bonne femme. Ah ! ma fille, ne vous affligez pas. Dites-moi sincèrement ce qui vous fait de la peine, et je ferai en sorte de vous soulager. » La reine le voulut bien ; elle lui conta ses chagrins, la conduite que la fée Soussio avait tenue dans cette affaire, et enfin comme elle cherchait l’Oiseau Bleu.

La petite vieille se redresse, change tout d’un coup de visage, paraît belle, jeune, habillée superbement ; et regardant la reine avec un souris gracieux : « Incomparable Florine, lui dit-elle, le roi que vous cherchez n’est plus oiseau, ma sœur Soussio lui a rendu sa première figure ; il est dans son royaume ; ne vous affligez point, vous y arriverez et vous viendrez à bout de votre dessein. Voilà quatre œufs, vous les casserez dans vos pressans besoins, et vous y trourerez des secours qui vous seront utiles. » En achevant ces mots elle disparut.

Florine se sentit fort consolée de ce qu’elle venait d’entendre ; elle mit ces œufs dans son sac, et tourna ses pas vers le royaume de Charmant.

Après avoir marché huit jours et huit nuits sans s’arrêter, elle arrive au pied d’une montagne prodigieuse par sa hauteur, toute d’ivoire, et si droite, que l’on n’y pouvait mettre les pieds sans tomber. Elle fit mille tentatives inutiles, elle glissait, elle se fatiguait, et désespérée d’un