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LUTIN

charmante Gentille, s’écria la fée. Venez, mes enfans, venez entre mes bras, recevoir l’assurance de mon amitié. » À ces mots elle embrassa la princesse et son amant. La fée Gentille, ravie de joie ; et toute la troupe, commencèrent les chants d’Hyménée ; et la douceur de cette symphonie ayant éveillé toutes les nymphes du palais, elles accoururent avec de légères robes de gaze, pour apprendre ce qui se passait.

Quelle agreable surprise pour Abricotine ! Elle eut à peine jeté les yeux sur Léandre, qu’elle le reconnut, et lui voyant tenir la main de la princesse, elle ne douta point de leur commun bonheur. C’est ce qui lui fut confirmé, lorsque la mère fée dit qu’elle voulait transporter l’île des plaisirs tranquilles, le château, et toutes les merveilles qu’il renfermait, dans le royaume de Léandre ; qu’elle y demeurerait avec eux, et qu’elle leur ferait encore de plus grands biens. « Quelque chose que votre générosité vous inspire, madame, lui dit le roi, il est impossible que vous puissiez me faire un présent qui égale celui que je reçois aujourd’hui ; vous me rendez le plus heureux de tous les hommes, et je sens bien que je suis aussi le plus reconnaissant. » Ce petit compliment plut fort à la fée : elle était du vieux temps, où l’on complimentait tout un jour sur le pied d’une mouche.

Comme Gentille pensait à tout, elle avait fait transporter, par la vertu de Brelic-Breloc, les généraux et les capitaines de l’armée de Furibon au palais de la princesse, afin qu’ils fussent