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Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/200

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LA PRINCESSE

vus, l’on n’entendait autre chose que crier : « Je suis mort, je me meurs. » Les soldats avaient beau tirer, ils n’attrapaient rien ; car la princesse et son amant faisaient le plongeon comme des cannes, et les coups passaient par-dessus leurs têtes. Enfin l’amiral affligé de perdre tant de monde d’une manière si extraordinaire, sans savoir qui l’attaquait, ni comment se défendre, fit sonner la retraite, et retourna dans ses vaisseaux pour tenir conseil. »

La nuit était déjà bien avancée ; la princesse et Fanfarinet allèrent se réfugier dans le plus épais du bois. Elle était si lasse, qu’elle se coucha sur l’herbe, et commençait à dormir, lorsqu’elle entendit une petite voix douce qui lui dit à l’oreille : « Sauve-toi, Printanière ; car Fanfarinet veut te tuer et te manger. » Ouvrant vite les yeux, elle aperçut à la lueur de son escarboucle, que le méchant Fanfarinet avait le bras levé, prêt à lui percer le sein de son épée ; car la voyant si grassette et si blanchette, et ayant bon appétit, il voulait la tuer pour la manger. Elle ne délibéra plus sur ce qu’elle devait faire ; elle tira doucement son poignard, qu’elle avait gardé depuis la bataille, et lui en donna un si furieux coup dans l’œil qu’il mourut sur-le-champ. « Va, ingrat, s’écria-t-elle ; reçois cette dernière faveur comme celle que tu as le mieux méritée ; sers à l’avenir d’exemple aux perfides amans, et que ton cœur déloyal ne jouisse d’aucun repos. »

Lorsque les premiers mouvemens de colère fu-