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Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/203

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PRINTANIÈRE.

À peine l’amiral Chapeau-Pointu eut-il fait une lieue, qu’il vit dans une grande route du bois le chariot aux poules, et les deux dames qui se promenaient. Il reconnut sa princesse, et vint se mettre à ses pieds ; mais elle lui dit que tous les honneurs étaient dus à la généreuse fée, qui l’avait garantie des griffes de Carabosse ; de sorte qu’il lui baisa le bas de sa robe, et lui fit le plus beau compliment qui se soit jamais prononcé en pareille occasion. Pendant qu’il parlait, la fée l’interrompit, et s’écria : « Je vous jure que je sens du rôt. — Oui, madame, répliqua Jean Caquet, en montrant la broche chargée d’excellens petits pieds, il ne tiendra qu’à votre grandeur d’en tâter. — Très-volontiers, dit-elle, moins pour l’amour de moi, que pour l’amour de la princesse, qui a besoin de faire un bon repas. » En même temps l’on fut querir aux vaisseaux toutes les choses nécessaires ; et la joie d’avoir retrouvé la princesse, joint à la bonne chère, ne laissèrent rien à souhaiter.

Le repas étant fini, et le poulet gras de retour, la fée habilla Printanière d’une robe de brocard or et vert, semée de rubis et de perles ; elle noua ses beaux cheveux blonds avec des cordes de diamans et d’émeraudes, elle la couronna de fleurs, et la faisant monter dans son chariot, toutes les étoiles qui la virent passer crurent que c’était l’aurore qui n’était pas encore rentrée ; et elles lui disaient en passant : « Bou jour, l’Aurore. »

Après de grands adieux de la part de la fée et de celle de la princesse, elle lui dit : « Hé quoi ! ma-