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LA PRINCESSE

oiseau dont on mangeait quelquefois. « Quoi ! dit elle, l’on ose tuer un si bel oiseau et le manger ? Je vous déclare que je ne me marierai jamais qu’au roi des Paons, et quand j’en serai la reine, j’empêcherai bien que l’on en mange. » L’on ne peut dire l’étonnement du roi. « Mais, ma sœur, lui dit il, où voulez-vous que nous trouvions le roi des Paons ? — Où il vous plaira, sire ; mais je ne me marierai qu’à lui. »

Après avoir pris cette résolution, les deux frères l’emmenèrent à leur château où il fallut apporter le paon, et le mettre dans sa chambre car elle l’aimait beaucoup. Toutes les dames qui n’avaient point vu Rosette, accoururent pour la saluer et lui faire la cour ; les unes lui apportaient des confitures, les autres du sucre, les autres des robes d’or de beaux rubans, des poupées, des souliers en broderie, des perles, des diamans ; on la régalait partout ; et elle était si bien apprise, si civile, baisant la main, faisant la révérence quand on lui donnait quelque belle chose, qu’il n’y avait personne qui ne s’en retournât content.

Pendant qu’elle causait avec bonne compagnie, le roi et le prince songeaient à trouver le roi des paons, s’il y en avait un au monde. Ils s’avisèrent qu’il fallait faire un portrait de la princesse Rosette ; et ils le firent faire si beau qu’il ne lui manquait que la parole, et lui dirent : « Puisque vous ne voulez épouser que le roi des Paons, nous allons partir ensemble, et vous l’aller chercher par toute la terre. Si