nous le trouvons, nous serons bien aises ; prenez soin de notre royaume en attendant que nous revenions. »
Rosette les remercia de la peine qu’ils prenaient ; elle leur dit qu’elle gouvernerait bien le royaume, et qu’en leur absence tout son plaisir serait de regarder le beau paon, et de faire danser Fretillon. Ils ne purent s’empêcher de pleurer en se disant adieu.
Voilà les deux princes partis, qui demandaient à tout le monde : « Ne connaissez-vous point le roi des Paons ? » Chacun disait : « Non, non. » Ils passaient et allaient encore plus loin. Comme cela ils allèrent si loin, si loin, que personne n’a jamais été si loin.
Ils arrivèrent au royaume des Hannetons : il ne s’en est point encore tant vu ; ils faisaient un si grand bourdonnement, que le roi avait peur de devenir sourd. Il demanda à celui de tous qui lui parut le plus raisonnable, s’il ne savait point en quel endroit il pourrait trouver le roi des Paons. « Sire, lui dit le Hanneton, son royaume est à trente mille lieues d’ici ; vous avez pris le plus long pour y aller. — Et comment savez-vous cela ? dit le roi. C’est, répondit le hanneton, que nous allons tous les ans passer deux ou trois mois dans vos jardins. » Voilà le roi et son frère qui embrassent le hanneton bras dessus, bras dessous ; ils se firent grande amitié, et dînèrent ensemble ; ils virent avec admiration, toutes les curiosités de ce pays-là, où la plus petite feuille d’arbre vaut une