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LA BONNE

sonne. Allons, aimez-le tout à l’heure, ou je vais vous écorcher. » La princesse tremblante comme un petit pigeon, se mit à genoux devant lui, et lui dit : « Sire, je vous prie de ne me point écorcher, cela fait trop de mal ; laissez-moi un ou deux jours pour songer à ce que je dois faire, et puis vous serez le maître. » Son fils désespéré, voulait qu’elle fût écorchée : ils conclurent en semble de l’enfermer dans une tour, où elle ne verrait pas seulement le soleil.

Là-dessus la bonne fée arriva dans le char volant avec la reine ; elles apprirent toutes ces nouvelles. Aussitôt la reine se mit à pleurer amèrement, disant qu’elle était toujours malheureuse, et qu’elle aimerait mieux que sa fille fût morte, que d’épouser le fils du méchant roi. La fée lui dit : « Prenez courage, je vais tant les fatiguer, que vous serez contente et vengée. »

Comme le méchant roi allait se coucher, la fée se mit en petite souris, et se fourra sous le chevet du lit : dès qu’il voulut dormir, elle lui mordit l’oreille ; le voilà bien fâché. Il se tourne de l’autre côté, elle lui mord l’autre oreille ; il crie au meurtre, il appelle pour qu’on vienne. On vient, on lui trouve les deux oreilles mordues, qui saignaient si fort qu’on ne pouvait arrêter le sang. Pendant qu’on cherchait partout la souris, elle en fut faire autant au fils du méchant roi. Il fait venir ses gens, et leur montre ses oreilles qui étaient toutes écorchées ; on lui met des emplâtres dessus. La petite souris retourna dans la chambre du méchant roi, qui était un