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Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/269

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LE MOUTON.

car l’attachement que j’ai pour vous est trop violent pour que je puisse vous perdre sans mourir ! »

Merveilleuse, attendrie, promit au roi Mouton que rien au monde ne pourrait empêcher son retour. Il lui donna un équipage proportionné à sa naissance ; elle s’habilla superbement, et n’oublia rien de tout ce qui pouvait augmenter sa beauté ; elle monta dans un char de nacre de perle, traîné par six hypogriphes isabelles, nouvellement arrivés des antipodes ; il la fit accompagner par un grand nombre d’officiers richement vêtus et admirablement bien faits ; il les avait envoyés chercher fort loin pour faire le cortége.

Elle se rendit au palais du roi son père, dans le moment qu’on célébrait le mariage ; dès qu’elle entra, elle surprit par l’éclat de sa beauté et par celui de ses pierreries, tous ceux qui la virent ; elle n’entendait autour d’elle que des acclamations et des louanges ; le roi la regardait avec une attention et un plaisir qui lui fit craindre d’en être reconnue ; mais il était si prévenu de sa mort, qu’il n’en eut pas la moindre idée.

Cependant l’appréhension d’être arrêtée, l’empêcha de rester jusqu’à la fin de la cérémonie ; elle sortit brusquement, et laissa un petit coffre de corail garni d’émeraudes ; on voyait écrit dessus en pointes de diamans : Pierreries pour la mariée. On l’ouvrit aussitôt, et que n’y trouva-t-on pas ! Le roi qui avait espéré de la