gnirent de leur destinée, ils se jurèrent une fidélité éternelle, et se consolèrent par des espérances qui flattaient leurs sentimens ; bien qu’ils eussent mille choses à souhaiter plus agréables que celle qui les amusait, ils ne laissaient pas de se trouver heureux de pouvoir tromper la comtesse ; mais les duègnes qu’elle avait mises auprès de ses filles entendaient trop bien leur devoir, pour être les dupes de ces jeunes amans. Ils furent surpris à la grille ; quelques promesses et quelques prières qu’ils pussent faire, cela n’empêcha point les vieilles d’aller avertir la comtesse de ce qu’elles savaient.
À ces nouvelles, la mère furieuse se leva, et, quoiqu’il ne fût pas encore jour, elle monta en carrosse avec ses filles, qu’elle querella beaucoup, et elle s’alla renfermer avec elles dans un château presque inaccessible, à une journée de Cadix. Il est aisé de s’imaginer le nouveau désordre qu’un départ si brusque apporta parmi nos amans ; l’on soupira, l’on se plaignit de part et d’autre, et lorsque dom Francisque allait à las Penas (c’est ainsi que se nommait le château de la comtesse) il était chargé de lettres, et de mille petits présens pour ses cousines : il les obligeait à les recevoir, parce qu’il connaissait les véritables sentimens de ses amis, et qu’il était fort assuré qu’ils voulaient les épouser. À peine était-il de retour de las Penas, que dom Fernand et dom Jaime le persécutaient pour y retourner, et le conjuraient de trouver quelque moyen de les mener avec