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LE NAIN

vez-vous à pleurer ? lui dit-il. — Hélas ! qui ne pleurerait, répondit-elle, j’ai perdu mon panier et mon gâteau, qui m’étaient si nécessaires pour, arriver à bon port chez la fée du Désert. — Hé ! que lui voulez-vous, la belle fille ? dit ce petit magot ; je suis son parent, son ami, et pour moins aussi habile qu’elle. — La reine ma mère, répliqua la princesse, est tombée depuis quelque temps dans une affreuse tristesse, qui me fait tout craindre pour sa vie ; j’ai dans l’esprit que j’en suis peut-être la cause, car elle souhaite de me marier ; je vous avoue que je n’ai encore rien trouvé digne de moi ; toutes ces raisons m’engagent à vouloir parler à la fée. — N’en prenez point la peine, princesse, lui dit le nain, je suis plus propre qu’elle à vous éclaircir sur ces choses. La reine votre mère a du chagrin de vous avoir promise en mariage. — La reine m’a promise, dit-elle en l’interrompant ! Ah ! sans doute vous vous trompez : elle me l’aurait dit, j’y ai trop d’intérêt, pour qu’elle m’engage sans mon consentement. — Belle princesse, lui dit le nain en se jetant tout d’un coup à ses genoux, je me flatte que ce choix ne vous déplaira point, quand je vous aurai dit que c’est moi qui suis destiné à ce bonheur. — Ma mère vous veut pour son gendre ! s’écria Toute-Belle en reculant quelques pas, est-il une folie semblable à la vôtre ? — Je me soucie fort peu, dit le nain en colère, de cet honneur : voici les lions qui s’approchent, en trois coups de dents ils m’auront vengé de votre injuste mépris. »