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Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/291

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JAUNE.

s’en inquiéta beaucoup ; elle la supplia plusieurs fois de lui dire ce qu’elle avait : mais la reine cherchant des prétextes, lui répondait, tantôt que c’était l’effet de sa mauvaise santé, et tantôt que quelqu’un de ses voisins la menaçait d’une grande guerre. Toute-Belle voyait bien que ses réponses étaient plausibles mais que dans le fond il y avait autre chose et que la reine s’étudiait à le lui cacher. N’étant plus maîtresse de son inquiétude, elle prit la résolution d’aller trouver la fameuse fée du Désert, dont le savoir faisait grand bruit partout ; elle avait aussi envie de lui demander son conseil, pour demeurer fille ou pour se marier ; car tout le monde la pressait fortement de choisir un époux : elle prit soin de pétrir elle-même le gâteau qui pouvait apaiser la fureur des lions ; et faisant semblant de se coucher le soir de bonne heure, elle sortit par un petit degré dérobé, le visage couvert d’un grand voile blanc, qui tombait jusqu’à ses pieds ; et ainsi seule elle s’achemina vers la grotte où demeurait cette habile fée.

Mais en arrivant à l’oranger fatal dont j’ai déjà parlé, elle le vit si couvert de fruits et de fleurs, qu’il lui prit envie d’en cueillir ; elle posa sa corbeille par terre, et prit des oranges qu’elle mangea. Quand il fut question de retrouver sa corbeille et son gâteau, il n’y avait plus rien ; elle s’inquiète, elle s’afflige et voit tout d’un coup auprès d’elle l’affreux petit nain dont j’ai déjà parlé. « Qu’avez-vous, la belle fille, qu’a-