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JAUNE.

blessure que la fée du Désert lui avait faite, en trousse derrière lui sur son terrible chat d’Espagne ; elle perdait tant de sang, et elle était si troublée de cette aventure, que ses forces l’abandonnèrent ; elle resta évanouie pendant tout le chemin ; mais le Nain Jaune ne voulut point s’arrêter pour la secourir, qu’il ne se vit en sûreté dans son terrible palais d’acier : il y fut reçu par les plus belles personnes du monde, qu’il y avait transportées. Chacune à l’envi lui marqua son empressement pour servir la princesse ; elle fut mise dans un lit de drap d’or, chamarré de perles plus grosses que des noix. — Ah ! s’écria le roi des mines d’or en interrompant la sirène, il l’a épousée, je me pâme, je me meurs. — Non, lui dit-elle, seigneur, rassurez-vous, la fermeté de Toute-Belle l’a garantie des violences de cet affreux Nain. — Achevez donc, dit le roi. — Qu’ai-je à vous dire davantage ? continua la sirène. Elle était dans le bois lorsque vous avez passé ; elle vous a vu avec la fée du Désert ; elle était si fardée, qu’elle lui a paru d’une beauté supérieure à la sienne ; son désespoir ne se peut comprendre, elle croit que vous l’aimez. — Elle croit que je l’aime ! justes Dieux ! s’écria le roi ; dans quelle fatale erreur est-elle tombée, et que dois-je faire pour l’en détromper ? — Consultez votre cœur, répliqua la sirène avec un gracieux sourire, lorsque l’on est fortement engagé, l’on n’a pas besoin de conseils. » En achevant ces mots ils arrivèrent