Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

SERPENTIN
VERT.


CONTE.



Il y avait une fois une grande reine, qui étant accouchée de deux filles jumelles, convia douze fées du voisinage de les venir voir, et de les douer comme c’était la coutume en ce temps-là, coutume très commode, car le pouvoir des fées raccommodait presque toujours ce que la nature avait gâté : mais quelquefois aussi, il gâtait bien ce que la nature avait le mieux fait.

Quand les fées furent toutes dans la salle des festins, on leur servit un repas magnifique. Chacun allait se placer à table, lorsque Magotine entra : c’était la sœur de Carabosse, qui n’était pas moins méchante qu’elle. La reine à cette vue frissonna, craignant quelque désastre parce qu’elle ne l’avait point priée de venir à la fête ; mais cachant son inquiétude avec soin, elle fut elle-même querir un fauteuil de velours vert en broderie de saphirs ; comme elle était la doyenne des fées, toutes les autres se rangèrent pour lui faire place, et chacune se disait à l’oreille : « Dépêchons-nous, ma sœur, de douer les petites princesses, afin de prévenir Magotine. »

Lorsqu’on lui présenta un fauteuil, elle dit