Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
VERT.

les venir tourmenter au moment que leurs douleurs seraient les plus vives.

Elle n’eut pas de peine à réussir dans ses projets, car la reine était si désolée, qu’encore qu’on la pressât de donner les ordres nécessaires, elle s’en défendit, assurant qu’elle n’entendait point la guerre ; l’on assembla par son ordre les pagodes qui s’étaient trouvés dans les villes assiégées et dans le cabinet des plus grands capitaines : elle leur ordonna de pourvoir à toutes choses, et s’enferma ensuite dans son cabinet, regardant d’un œil presqu’égal tous les événemens de la vie.

Magotine avait pour général le fameux Polichinel, qui savait bien son métier, et qui avait un gros corps de réserve, composé de mouches guêpes, de hannetons et de papillons, qui firent merveilles contre quelques grenouilles et quelques lézards armés à la légère. Ils étaient depuis long-temps à la solde des pagodes, à la vérité plus redoutables par leur nom que par leur valeur.

Magotine se divertit quelque temps à voir le combat ; pagodes et pagodines s’y surpassent ; mais la fée d’un coup de baguette dissipa tous ces superbes édifices ; ces charmans jardins, ces bois, ces prés, ces fontaines furent ensevelis sous leurs propres ruines, et la reine Laidronette ne put éviter la dure condition d’être esclave de la plus maligne fée qui sera jamais ; quatre ou cinq cents marionnettes l’obligèrent de venir jusqu’où était Magotine. « Madame, lui