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BIENFAISANTE.

ou les dieux qui vous protègent ? lui dit-elle. Cette terre, toujours arrosée d’une pluie de soufre et de feux, n’a jamais rien produit qui vaille une feuille de sauge ; j’apprends malgré cela que les herbes odoriférantes croissent sous vos pas ! — J’en ignore la cause, madame, lui dit la reine, et si je l’attribue à quelque chose, c’est à l’enfant dont je suis grosse, qui sera peut-être moins malheureux que moi.

— L’envie me prend, dit la fée, d’avoir un bouquet des fleurs les plus rares ; essayez si la fortune de votre marmotte vous en fournira ; si elle y manque, vous ne manquerez pas de coups ; car j’en donne souvent, et les donne toujours à merveilles. » La reine se prit à pleurer ; de telles menaces ne lui convenaient guère, et l’impossibilité de trouver des fleurs la mettait au désespoir.

Elle s’en retourna dans sa maisonnette ; son amie la grenouille y vint : « Que vous êtes triste ! dit-elle à la reine. — Hélas ! ma chère commère, qui ne le serait ? La fée veut un bouquet des plus belles fleurs ; où les trouverai-je ? Vous voyez celles qui naissent ici ; il y va cependant de ma vie, si je ne la satisfais. — Aimable princesse, dit gracieusement la grenouille, il faut tâcher de vous tirer de l’embarras où vous êtes : il y a ici une chauve-souris, qui est la seule avec qui j’ai lié commerce ; c’est une bonne créature, elle va plus vite que moi ; je lui donnerai mon chaperon de feuilles de roses ; avec ce se-