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GRACIEUSE

été sur un tel plancher. » Gracieuse le pria de lui écrire un mot, comme quoi il la refusait : il le voulut bien, et sortant du riche château, elle trouva l’aimable Percinet qui l’attendait, et qui la ramena au palais. Il serait difficile d’écrire tout ce qu’il lui dit pendant le chemin de tendre et de respectueux, pour la persuader de finir ses malheurs. Elle lui répliqua que si Grognon lui faisait encore un mauvais tour, elle y consentirait.

Lorsque cette marâtre la vit revenir, elle se jeta sur la fée, qu’elle avait retenue ; elle l’égratigna, et l’aurait étranglée, si une fée était étranglable. Gracieuse lui présenta le billet du gouverneur et la boîte : elle jeta l’un et l’autre au feu, sans daigner les ouvrir, et si elle s’en était crue elle y aurait bien jeté la princesse ; mais elle ne différait pas son supplice pour long-temps.

Elle fit faire un grand trou dans le jardin, aussi profond qu’un puits ; l’on posa dessus une grosse pierre. Elle s’alla promener, et dit à Gracieuse et à tous ceux qui l’accompagnaient : « Voici une pierre sous laquelle je suis avertie qu’il y a un trésor ; allons, qu’on la lève promptement. Chacun y mit la main, et Gracieuse comme les autres : c’était qu’on voulait. Dès qu’elle fut au bord, Grognon la poussa rudement dans le puits, et on laissa retomber la pierre qui le fermait.

Pour ce coup-là il n’y avait plus rien à espérer ; où Percinet l’aurait-il pu trouver, au