Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
ET PERCINET.

fond de la terre ? Elle en comprit bien les difficultés, et se repentit d’avoir attendu si tard à l’épouser. « Que ma destinée est terrible ! s’écria-t-elle. Je suis enterrée toute vivante ! ce genre de mort est plus affreux qu’aucun autre. Vous êtes vengé de mes retardemens, Percinet ; mais je craignais que vous ne fassiez de l’humeur légère des autres hommes, qui changent quand ils sont certains d’être aimés. Je voulais enfin être sûre de votre cœur ; mes injustes défiances sont cause de l’état où je me trouve, encore, continuait-elle, si je pouvais espérer que vous donnassiez des regrets à ma perte, il me semble qu’elle me serait moins sensible. » Elle parlait ainsi pour soulager sa douleur, quand elle sentit ouvrir une petite porte, qu’elle n’avait pu remarquer dans l’obscurité. En même temps elle aperçut le jour, et un jardin rempli de fleurs, de fruits, de fontaines de grottes, de statues, de bocages et de cabinets ; elle n’hésita point à y entrer. Elle s’avança dans une grande allée, rêvant dans son esprit quelle fin aurait ce commencement d’aventure ; en même temps elle découvrit le château de féerie : elle n’eut pas de peine à le reconnaitre ; sans compter que l’on n’en trouve guère tout de cristal de roche, et qu’elle y voyait ses nouvelles aventures gravées. Percinet parut avec la reine sa mère et ses sœurs. « Ne vous en défendez plus, belle princesse, dit la reine à Gracieuse, il est temps de rendre mon fils heureux, et de vous tirer de l’état déplo-