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AU BOIS.

Elles tinrent aussitôt conseil, et enfin, après avoir agité plusieurs avis différens, elles s’arrêtèrent à celui-ci : qu’il fallait bâtir un palais sans portes ni fenêtres, y faire une entrée souterraine, et nourrir la princesse dans ce lieu jusqu’à l’âge fatal où elle était menacée.

Trois coups de baguette commencèrent et finirent ce grand édifice. Il était de marbre blanc et vert par dehors ; les plafonds et les planchers de diamans et d’émeraudes qui formaient des fleurs, des oiseaux, et mille choses agréables. Tout était tapissé de velours de différentes couleurs, brodé de la main des fées ; et comme elles étaient savantes dans l’histoire, elles s’étaient fait un plaisir de tracer les plus belles et les plus remarquables : l’avenir n’y était pas moins présent que le passé : les actions héroïques du plus grand roi du monde remplissaient plusieurs tentures.

Ici du démon de la Thrace
Il a le port victorieux ;
Les éclairs redoublés qui partent de ses yeux,
Marquent sa belliqueuse audace.
Là, plus tranquille et plus serein,
Il gouverne la France en une paix profonde ;
Il fait voir par ses lois que le reste du monde
Lui doit envier son destin,
Par les peintres les plus habiles,
Il y paraissait peint avec ces divers traits :
Redoutable en prenant des villes,
Généreux en faisant la paix.

Ces sages fées avaient imaginé ce moyen pour apprendre plus aisément à la jeune princesse les divers événemens de la vie des héros et des autres hommes.